Marc-André Hamelin dépoussière les partitions oubliées. Le pianiste adore «partager le miracle de la créativité humaine» avec son public. Ses doigts aventureux interpréteront le Concerto pour piano seul de Charles-Valentin Alkan dans le cadre du Festival de Lanaudière.

Le pianiste parle de la littérature pour piano avec passion. Il se plaît à interpréter ses «trésors cachés». «Le répertoire pour piano est immense, dit-il. Si on l'explore, ça peut même paraître illimité. Les pianistes sont les plus fortunés de tous les instrumentistes. Malheureusement, on entend à peu près tout le temps les mêmes choses. C'est bien dommage.»

Marc-André Hamelin ne décide pas d'interpréter une oeuvre en fonction de son niveau de difficulté; c'est plutôt la beauté de la musique qui le pousse à dépasser ses limites. «Il y a une certaine catégorie de pièces que j'aime, qui sont plutôt denses, de type orchestral et contrapuntique. Du coup, elles sont souvent difficiles à exécuter. Je les interprète parce que la musique est bonne. C'est la seule raison.»

Joint à son domicile de Boston, le musicien de 47 ans originaire de Verdun semble vivre une relation privilégiée avec l'oeuvre d'Alkan. «Ma première exécution du Concerto remonte déjà à une vingtaine d'années, rappelle-t-il. Elle demande beaucoup d'endurance. L'écriture est très pleine et très chargée.»

En 1988, le New York Times a qualifié le pianiste de «super virtuose». Il se dit flatté du compliment, mais il croit que cette allusion est trop souvent péjorative. «Si c'est parce que je suis une athlète au piano, c'est une insulte. Je compare toujours le travail du musicien à celui d'un artiste peintre. Lorsqu'il fait une ligne harmonieuse, il doit aussi communiquer une émotion.»

Malgré son acharnement à défricher les portées noires de notes, Marc-André Hamelin avoue qu'il est parfois un peu paresseux. «Lorsque je le dis, personne ne me croit. Je fais toutefois le travail nécessaire. Comme tout le monde, il est parfois difficile de me mettre au travail. Mais la musique arrive toujours à m'arracher de l'inactivité.»

Il refuse toutefois de mesurer le temps passé à répéter. Ce genre de calcul s'applique au sport, pas à la musique, croit-il. «Je n'ai pas de routine, c'est le résultat qui compte, dit-il. C'est un raffinement progressif de mes intentions musicales et des exigences techniques.»

Il interprète généralement des pièces du répertoire dit «classique», avec quelques incursions vers des contrées plus jazzy. Lorsqu'il écoute un disque, le musicien élargit ses horizons. «J'écoute des choses très expérimentales comme de l'électronique, du bruit, de la musique improvisée, du jazz moderne d'avant-garde, affirme le pianiste. Mes intérêts sont éclectiques. Ça me permet de garder un lien avec d'autres univers.»

Un Québécois en sol américain

Le pianiste possède une immense bibliothèque de partitions. Une tendance à collectionner la musique qui lui vient de son père. Pour trouver les perles rares, il aime se rendre dans les librairies de partitions d'occasion. «J'ai suivi son exemple, mais ma collection est composée d'oeuvres moins connues, souligne-t-il. J'aime me rendre compte le plus possible de tout ce qui a été fait.»

Marc-André Hamelin vit aux États-Unis depuis 1980, année où il a remporté une bourse pour étudier à la Temple University de Philadelphie. «Le Québec est un bel endroit pour vivre de la musique classique, mais ça ne veut pas dire qu'on doive s'y limiter. Quand on a autant de cossins que moi, on y pense deux fois avant de déménager.»

Malgré la soixantaine de concerts que fait le pianiste partout dans le monde chaque année, il déteste voyager. «Je n'aime pas les aéroports et leurs contraintes pour la sécurité. Vive la téléportation! Si seulement elle existait...»

Concerto pour piano seul d'Alkan interprété par Marc-André Hamelin, le 29 juillet, 20h, Église de L'Assomption, 135 rue du Portage, à L'Assomption.