S'il le pouvait, Michel Pagliaro chanterait tous les soirs, pour s'éclater et parce qu'il aime le monde. Comme en plus, Pag trouve rigolo de jouer avec un big band, il devrait s'amuser ferme avec Vic Vogel samedi prochain au Parc Ahuntsic.

«Chanter avec un big band, c'est une occasion qui ne se présente pas souvent», dit Michel Pagliaro. L'an dernier, au Festival de jazz, il a accepté à la dernière minute de participer à un spectacle du big band de Vic Vogel au Théâtre Maisonneuve avec Martin Deschamps et Bruno Pelletier. Samedi prochain, il retrouvera Vogel et ses musiciens au FestiBlues international de Montréal, en compagnie de sa conjointe Stephend, France D'Amour, John McGale et Rick L. Blues.

À sa 11e année, le FestiBlues propose quatre jours de spectacles au parc Ahuntsic et à la Maison de la culture d'Ahuntsic-Cartierville, du 7 au 10 août. Pascale Picard sera la vedette du concert d'ouverture au parc Ahuntsic, jeudi. Deux jours plus tard, Pag donnera congé à son groupe rock habituel - des jeunes avec qui il «célèbre la vie» - et chantera sur la même scène cinq ou six chansons qui «se rapprochent du blues», mais peuvent être adaptées à un big band.

Au milieu des années 60, Michel Pagliaro était un habitué du Jazz Hot, rue Guy, où se produisait l'orchestre de Vogel les lundis soirs. «Une vingtaine de musiciens dans une petite pièce, ça swinguait au boutte, se rappelle-t-il. Parmi tous les arrangeurs locaux, Vic était le seul dont les orchestrations étaient vraiment à la hauteur du style big band.»

Par la suite, Pag a souvent croisé le très coloré Vogel, qu'il compare au capitaine Haddock. «Des personnages comme lui, il y en a de moins en moins, dit-il. Avec son talent et son expérience, le Festival de jazz devrait lui fournir une autre plateforme. On lui a donné des soirées, mais j'aimerais le voir avec son big band dans un espace plus petit et pas rien qu'un soir dans la rue. Je préfère voir Vic Vogel avec des musiciens locaux pendant trois semaines dans un club. Cette continuité, ça crée une osmose entre les musiciens, avec le public, ça donne de l'énergie.»

Son propre patron

Pag n'a jamais cessé de donner des shows rock. «Si je pouvais jouer tous les soirs, je le ferais, dit-il. J'ai besoin de garder mes troupes en vie, ça me permet de survivre et de faire les productions qui m'intéressent. J'investis mon propre argent dans mes projets, c'est parfait comme ça, je suis mon propre boss.»

Un patron qui ne nous a pas donné de disque depuis des lunes. «À un moment donné, ça va arriver», dit-il en riant, comme s'il devinait notre scepticisme. «Les gens ont l'impression que je suis toujours en train de raboter le même copeau de bois, mais je fais beaucoup d'autres choses, beaucoup d'apprentissage technologique, ajoute-t-il. Je crois à beaucoup de trucs que j'ai faits, mais je persiste jusqu'à ce que ça soit terminé, comme un gars qui fait de la peinture. Si j'aime ça, je vais le sortir. Ce que je fais présentement plaît à tout le monde qui l'a écouté, donc ça s'en vient.»

La dernière fois qu'il a été question d'un nouvel album de Michel Pagliaro, c'était en 1990. «Le contrat avec Audiogram n'était même pas signé qu'on parlait de sortir l'album deux semaines plus tard, se souvient Pag. Je me suis mis au travail et un an plus tard, le monde attendait mon album. Mais je n'étais pas satisfait et j'avais raison, ce n'était pas très bon. J'ai pris mes billes, j'ai payé mes dettes, j'ai donné une compilation à Audiogram et je suis parti de mon bord. Comme je n'arrivais pas à trouver le genre d'environnement ou le budget qu'il me fallait pour faire un album, j'ai décidé d'écrire des tounes. Du matériel, j'en ai. Est-ce que je vais arriver à enregistrer tout ce matériel-là? Peut-être, peut-être pas. Le temps passe, je n'ai plus 12 ans. Mais ce que j'ai entrepris depuis 10 ans, c'est sûr que je vais le terminer. C'est extrêmement simple: deux guitares électriques, une basse, une batterie et un chanteur.

- Pas de contrat en vue avec une compagnie de disques?

- Non, personne ne veut de moi!» (rires)

Le Vic Vogel Band et ses invités, le 9 août, 19h45, au parc Ahuntsic. Info: www.festiblues.com