Les revues Solaris et Alibis célèbrent le 400e anniversaire de la ville de Québec! Les deux publications consacrent en effet la totalité de leur numéro d'été 2008 à la Vieille Capitale.

Offrant chacun deux volets, l'un consacré aux textes de fictions et l'autre aux essais, les numéros spéciaux de la revue Solaris (science-fiction et fantastique) et Alibis (polar noir et mystère) permettront aux lecteurs curieux de jeter un coup d'oeil différent sur la ville quatre fois centenaire à travers la lorgnette de la littérature locale.

Solaris nous présente d'ailleurs un échantillonnage qui nous permet de constater que si le futurisme du début du XXe siècle livrait une véritable guerre à la nostalgie, la vision actuelle du futur est post-apocalyptique. Plutôt que de rêver aux avancées de la technologie, on tremble aujourd'hui à l'idée de basculer un jour dans ces mondes ici décrits par les auteurs Francine Pelletier (qui présente une variation écourtée de sa trilogie Le sable et l'acier), Élisabeth Vonarburg ou Jean-Louis Trudel. Sous un dôme, maintenue artificiellement en vie ou alors livrée au chaos, la ville de Québec s'est, dans un futur hypothétique, mutée en un endroit inhospitalier qui calcule l'ampleur de ses pertes.

Pour bien marquer la profondeur du désastre, les protagonistes sont d'ailleurs souvent déjà vieux et pourtant totalement ignorants de l'époque d'avant la catastrophe. Circulant désormais à l'intérieur d'une entité artificielle, on se demande si le fleuve existe encore et si Québec a perdu jusqu'à sa personnalité.

On y trouve néanmoins d'autres tons, paranormal grondant sous le réalisme de David Dorais, surréalisme chez Esther Rochon... Alain Ducharme en profite même pour signer une charmante visite de la légende de Montferrand. Mais le principal intérêt de ce numéro spécial réside dans un essai signé par Jean-Louis Trudel, qui relie la naissance de la science-fiction québécoise, au XIXe siècle, au désir de toute une population de relancer la ville après la perte du statut de capitale du pays. Une idée intéressante et surtout bien étayée, qui nous fait oublier le chauvinisme un peu dérangeant qui se dégage du texte analytique précédent, signé celui-là par Mario Tessier.

Rêves et misères

La revue Alibis dresse un portrait moins défini, quoique intéressant. Les nouvelles exploitent tantôt les rêves et misères de la petite racaille de Saint-Roch, tantôt les crimes passionnels de la bourgeoisie. On retrouve étrangement chez trois auteurs, Jean Lemieux, Martine Latulippe et Camille Bouchard, le désir de changer le visage de la criminalité en lui donnant un air ingénu.

Dans la section essai, Jean-Philippe Jobin dessine un portrait de l'histoire du crime à Québec (qui débute avec la tentative d'assassinat de Champlain), suggérant que cette histoire mouvante suit l'évolution de la société et de ses angoisses comme un miroir. Un texte fort intéressant d'ailleurs. Pour sa part, notre collègue Norbert Spehner s'y penche sur la représentation de la capitale dans la littérature policière d'ici et d'ailleurs. Bon anniversaire.

Bonne fête Québec, Solaris #167 été 2008, 10,00$

Spécial 400e anniversaire de Québec, Alibis #27 été 2008, 7,95$