Une tombe à Gaza est le deuxième roman de Matt Rees mettant en vedette Omar Youssef, déjà rencontré dans Le Collaborateur de Bethléem (Albin Michel, 2007).

Âgé de 56 ans, Omar Youssef, enquêteur atypique, est professeur d'histoire pour les «malheureux enfants du camp de réfugiés de Deshaisha, aux confins de Bethléem».

Au début du roman, il se rend à Gaza, en compagnie d'émissaires de l'ONU, pour aller inspecter les écoles financées par l'organisme international. Une fois sur place, il apprend l'arrestation d'un enseignant, engagé à temps partiel dans le camp de Shati. L'homme avait découvert que l'université vendait des diplômes aux forces de sécurité. Il menaçait de tout révéler, ce qui avait fortement déplu aux personnes impliquées. On l'avait donc arrêté sous de faux prétextes. Quand Omar Youssef décide d'intervenir en sa faveur, il marche dans un nid de guêpes.

Du coup, voilà notre improbable héros plongé dans une aventure à la James Bond avec attentats, poursuites, enlèvements, tortures, trafic de missiles, magouilles politiques et assassinats, dans l'incroyable pétaudière qu'est la bande de Gaza. Sur ce territoire minuscule, étranglé par le blocus israélien, une guerre civile larvée fait rage. De nombreuses factions palestiniennes luttent pour le pouvoir à grands coups d'enlèvements, de rançons et de meurtres. Des groupes se forment et se défont au jour le jour, affublés de titres ronflants comme les Brigades de Saladin, groupes qui, d'après un ami d'Omar, n'ont qu'une chose en commun: «Ce sont tous des enfoirés qui ne font strictement rien dans l'intérêt du Palestinien moyen».

Matt Rees est un ancien journaliste, en poste à Jérusalem pour le magazine Time, qui connaît bien les problèmes du Moyen-Orient. Il a choisi la forme romanesque pour évoquer la vie quotidienne des victimes de ce conflit qui s'éternise. Certes, il est difficile de croire qu'un paisible professeur d'histoire sans formation militaire puisse survivre aux nombreuses péripéties parfois rocambolesques qui rythment l'action, mais on ne peut s'empêcher de s'intéresser à cette histoire fascinante riche en détails sur le quotidien. Ce récit nous permet de réactualiser nos idées sur un conflit d'une extrême complexité, qui plonge ses racines dans l'histoire.

C'est aussi de cette histoire plus que millénaire dont il est question, en toile de fond, dans le thriller de Michael Byrnes Le Secret du dixième tombeau. Après le vol spectaculaire d'un trésor archéologique sur le Mont du Temple, à Jérusalem, Charlotte Hennessey, brillante généticienne américaine, est convoquée au Vatican pour analyser de mystérieux ossements dans le plus grand secret. Elle est aidée dans sa tâche par un anthropologue italien. Leurs premières constations: il s'agit des restes d'un homme relativement jeune qui a subi de terribles tortures avant d'être crucifié, un supplice horrible dont on ne nous épargne aucun détail. Alors que ces éminents scientifiques spéculent à longueur de page sur l'identité possible de la victime, le lecteur un tant soit peu perspicace a depuis longtemps trouvé la réponse à cette «énigme» plutôt transparente.

Quel incroyable secret récèlent ces reliques? Sachant que l'affaire intéresse les autorités religieuses chrétiennes, arabes et juives, que le Vatican tient absolument à cacher cette découverte, que révéler l'identité du mort pourrait ébranler les fondements des religions, il n'est pas bien sorcier de comprendre que Le Secret du dixième tombeau est un de ces nombreux thrillers ésotérico-religieux, un de ces nombreux «Da Vinci clones» dont les éditeurs nous inondent sans vergogne. À la différence près que ce roman échappe à la médiocrité terminale des simples copies de l'opus de Dan Brown.

Malgré une intrigue plutôt conventionnelle (une énigme historique, un tueur retors et sans pitié, un complot international), l'auteur lui insuffle une certaine dose de réalisme, avec en toile de fond le conflit israélo-palestinien dont il nous expose clairement les tenants et les aboutissants dans une surprenante leçon d'histoire. La documentation de Byrnes, dont c'est le premier roman, a l'air plus fiable, moins fantaisiste que celle de Dan Brown, adepte du tout et du n'importe quoi. Mêlant archéologie, science et théologie, sur fond de complot politico-religieux, Le Secret du dixième tombeau ne révolutionnera pas le genre, mais il a les qualités essentielles d'un thriller de qualité: il instruit tout en divertissant.

Une tombe à Gaza

Matt Rees

Albin Michel, 382 pages, 29,95$

Le Secret du dixième tombeau

Michael Byrnes

Belfond, 436 pages, 27,95$