West

West

2881, rue Granville

Vancouver, C.-B.

604-738-8938

Depuis la fermeture de Lumière, le restaurant West est le joyau de la cuisine de Vancouver. Ce n'est pas eux qui le disent mais ils le répètent fort.

West est louangé depuis des années. Le magazine Vancouver l'a proclamé depuis quatre ans "restaurant de l'année", un titre convoité dans cette région où il s'ouvre un restaurant à tous les deux jours... et pas tous des comptoirs à hot dogs !

Il manque pourtant quelques éléments pour que West se taille une place parmi les 10 meilleurs restaurants du Canada. À commencer par un sommelier pour guider le dîneur parmi la presque trop volumineuse carte des vins ?

Un sommelier qui verrait à ce que cette carte propose des vins de toutes les gammes de prix ? Car il faut travailler ferme pour dénicher une bouteille intéressante à moins de 100 $, toutes régions confondues. D'autres au pays y parviennent sans difficulté et ce n'est pas par pingrerie que le client moins fortuné ou moins exigeant se satisfera d'une bouteille à 45 ou 60 $...

L'économie de Vancouver tourne rondement et cela se reflète sur les prix.

À 129 $ par personne (plus 98 $ pour la palette de vins), le grand menu de huit services de West n'est pas donné. Mais la qualité et la fraîcheur des ingrédients locaux, le brio de l'équipe de la cuisine ouverte, le confort de la salle à manger et le professionnalisme du personnel vaut le déplacement. On peut très bien apprécier la cuisine du chef Warren Geraghty sans goûter à huit de ses plats, en se concentrant sur le menu à la carte.

Merveilleuse morue

La morue sablonnière (42,50 $) se détachait en doux flocons et se présentait comme un spectacle pour tous les sens. Outre ce poisson prisé, la morille marquait cette assiette deux fois plutôt qu'une : une morille était farcie de pétoncles, et une fine écume de champignon venait la souligner une fois de plus. Merveilleux plat de la Colombie-Britannique !

La cuisine veut aussi montrer son brio avec les viandes mais du côté des ris de veau (43,50 $), il y en aura eu des meilleurs. Fins et frais, certes, mais la robe de prosciutto procure aux abats une couverture coriace qui ne lui sied pas. Est-ce une habitude locale ? Nous avons vu ailleurs du prosciutto enrober d'autres aliments fins, comme des pétoncles sur la très belle terrasse citadine du restaurant Parkside, dans le quartier West End. Ces robes dures et croûtées vont mieux à d'autres qu'à des ris de veau...

Là aussi l'assiette était couronnée de morilles (et d'autres champignons fins), et pour donner un peu de texture et de couleur, de grosses fèves vertes, genre gourganes.

En entrée, le chef démontre l'intérêt international de Vancouver avec une pastilla (22 $) typiquement marocaine, farcie de caille (au lieu du traditionnel pigeon au Maroc, ou du bien ordinaire poulet à peu près partout ailleurs). L'assiette est garnie de poitrine de caille grillée, un beau complément, tout comme la vinaigrette aux raisins blancs, dont le léger sucre rejoignait celui de la pastilla.

Au dessert, on aura vu plus imaginatif que les deux oeuvres de la pâtissière Rhonda Viani ce jour-là. Souvent, le temps des douceurs est une fête pour les yeux. Pas ici. Les fraises marinées et leur biscuit au babeurre (10 $) semblaient attirants mais c'était une bien ordinaire version du shortcake aux fraises. La tasse en pâte phyllo aux framboises et citron avec la meringue (10 $) était sans grand intérêt. Et c'était ce qu'il y avait de plus intéressant sur un menu sucré de huit offrandes.

Au bilan, nous concluons que les louanges des Vancouvérois pour le restaurant West ne seront pas partagées par notre vision de l'est du pays.

Pour deux personnes, prévoyez entre 120 et 140 $, plus consommation, taxes et service.

RÉSULTATS

Cuisine : 8/10

Service : 5/6

DĂ©cor : 3,5/4

Cote Jury 16,5/20