Les festivals ponctuent les saisons culturelles du Saguenay-Lac-Saint-Jean avec une régularité étonnante sachant combien est difficile leur financement. Pourtant, il y a grogne cette année, au sein de plusieurs conseils d'administration de ces festivités artistiques.

Après avoir essuyé des coupures drastiques que le gouvernement Harper a imposé, avec un enthousiasme suspect, aux commandites culturelles, passant de 50 millions $ à 30 millions $ au nom du désaveu des «commandites scandaleuses», il semblerait que cette année 2008, une autre part des subventions espérées aient été déviées vers le 400e de Québec.

Du moins, c'est ainsi que certains traduisent la réduction et la lenteur du gouvernement pour le versement des subventions espérées. Un mal canadien, nous assurent les personnes concernées, lesquelles refusent cependant de risquer une dénonciation publique, craignant d'indisposer les «subventionneurs». C'est à travers le Canada que les festivals sont mis au régime. Et la décision du ministre Jean-Pierre Blackburn de sabrer dans les subventions aux organismes sans but lucratif inquiète les organismes culturels qui, ont le sait, sont presque tous sans but lucratif. Les bénéfices se traduisent plutôt par des retombées économiques résultant du travail de création artistique. Faut-il le répéter, les subventions versées dans les évènements culturels devraient porter le nom d'investissements, car à la fin de l'exercice, les donneurs (les gouvernements) reçoivent plus qu'ils n'investissent. «Chaque dollar consacré à des activités culturelles produit 2,60 $ », selon une étude de l'Institut de la statistique du Québec.

Des chiffres

Les célébrations de Québec puisent-elles à pleines mains dans les fonds fédéraux? En fait, selon ce que révélait un article publié par le réseau Sun Média, le Fédéral prévoyait accorder une subvention de 133 M $ pour célébrer le 400e anniversaire de la ville de Québec. De ce montant, plus de 3 M $ attribués à la campagne de publicité nationale, dont le tiers dépensé au Québec pour faire connaître l'événement aux Québécois. Il y a 40 M $ de Patrimoine Canada pour l'organisation des célébrations, notamment pour la programmation commémorative et culturelle, et 70 M $ affectés à la mise à jour d'infrastructures et à des projets d'enrichissements patrimoniaux (Chiffres retrouvés sur le site officiel de Patrimoine Canada).

Rappelons, qu'en 2005, annonçant des subventions de 110 M $ pour les célébrations de Québec, le ministre des finances de l'époque (Michel Audet) prévoyait du même coup soustraire 1,5 million de dollars à l'aide prévue pour les archives nationales, 750 000 $ au Grand Théâtre, au Musée national des beaux-arts et Musée de la civilisation et 70 000 $ aux sommes versées pour les conservatoires de musique et d'art dramatique.

La question se pose: les organismes culturels et les festivals ont-ils raisons de s'inquiéter?

Rivaliser

La générosité des subventions accordées aux uns au détriment des autres génèrent d'autres inquiétudes. Comment un festival régional cherchant à s'autofinancer par la vente de billets pour ses spectacles majeurs peut-il rivaliser avec des billets gratuits pour Céline Dion et Paul Mc Cartney? Comment renchérir sur les cachets «astronomiques» versés aux artistes québécois pour s'assurer de l'exclusivité de leur présence à Québec?

Les réactions étaient mitigées, en septembre dernier, lorsque la ministre du Patrimoine, Josée Verner, a annoncé l'affectation annuelle de 30 millions de dollars à un nouveau programme de soutien aux festivals et aux activités. Ce programme permettra d'appuyer quelque 350 événements par an, d'un bout à l'autre du pays. Mais les organisateurs d'événements devront attendre 2009-2010 avant de bénéficier de la totalité des 30 millions $ prévus. Les organismes ont-ils les moyens d'attendre ? Réalise-t-on la somme d'énergie demandée à chacun et les coûts afférents pour simplement préparer les dossiers et remplir les nombreux formulaires requis exigés par le système des subventions? Il ne s'agit pas de contester l'importance accordée aux célébrations du 400e de Québec. Ce dont il s'agit c'est tout simplement de la survie, au présent et au futur, des festivités culturelles battant la mesure au coeur de chaque région du pays.