À quelques secondes du début du spectacle, un technicien nous saisit par le bras à côté de la scène.

À quelques secondes du début du spectacle, un technicien nous saisit par le bras à côté de la scène.

«Attention, pyrotechnie» hurle-t-il.

Deux secondes plus tard, une immense flamme explose juste à côté.

Stefie Shock monte illico rejoindre ses 10 musiciens sur scène. Sur sa tête, un masque avec des plumes de paon, tel un croisement entre un shaman et Dr. John.

Le Bal en rouge s'annonçait explosif. Il l'a été.

Un orchestre de 10 musiciens accompagne Stefie Shock. Son orchestre de rêve, avouait-il en interview, avec une riche section de cuivres (sax alto, trombone et trompette), une section de percussions (congas inclus) et des claviers.

Comme le voulait la consigne, tous portaient du rouge. Stefie a même ressorti sa guitare rouge pour l'occasion.

Les explosions ne cesseront pas de la soirée, autant en musique qu'en pyrotechnie.

Juchés sur leurs socles, des cracheurs de feu et d'aguichantes danseuses se succèdent pour illuminer de rouge la rue Saint-Denis.

Les même lumières sont projetées sur scène, avec encore plus de fumée. Des jets de boucane fusent presque sans arrêt de part et d'autre du micro de Stefie Shock.

Il se dresse impétueusement entre eux. On soupçonne toutefois que ses poumons se sont calcinés pendant ces 90 minutes de dégustation de fumée.

L'équipe technique pousse l'audace jusqu'à essayer de synchroniser ces jets au rythme des percussions.

Mais la véritable explosion est musicale. Jamais on n'avait entendu les Pied dansant, All Zippers Down, Le Moustique et Tout le monde est triste gronder de la sorte.

Un jam par ici, un solo de sax par là, du clavier ajouté à la mélodie : l'habillage musclé galvanise chaque pièce, et aucune n'étouffe sous toutes ces couches sonores.

Une question demeure : pourquoi ne pas reprendre cette formule plus souvent? La réponse : l'argent. Ça doit coûter cher.

Le luxe de cette soirée semble avoir ravi Stefie Shock, actuellement en tournée avec Microcosme, la version dépouillée de son spectacle, avec seulement quatre musiciens. Elle s'arrêtera d'ailleurs aux prochaines FrancoFolies.

Seule réserve de la soirée hier, l'emplacement de la scène, bizarrement montée sur le côté est de la rue Saint-Denis, une trentaine de mètres au nord de la rue Ontario. L'idée d'une scène en pente est bonne, mais on l'aurait préféré plus basse et centrée pour mieux l'apercevoir.

DJ dans l'intimité

Dans une autre vie, Stefie Shock travaillait comme DJ dans les bars de Montréal.

Pour la première fois de sa carrière, il a combiné ses deux boulots hier.

Après 90 minutes de musique, il était censé s'éponger rapidement le visage dans les coulisses avant de remonter sur scène pour jouer les DJ.

La pause a finalement duré environ 15 minutes. Une bonne proportion de la foule avait déjà quitté les lieux. Dommage.

Comme prévu, le DJ n'a pas ressorti de tubes consacrés pour faire danser. Il a brisé la glace avec des rythmes latins, de l'afrobeat (le légendaire Fela Kuti) et même une version de Sympathy For The Devil fusionnée à une pièce instrumentale. La sélection était aussi éclatée que ses goûts musicaux. L'écoute plaît, mais la rue ne s'est pas transformée en piste de danse, loin de là. Parler davantage à la foule aurait sûrement aidé.

Peut-être en réaction à ce flegme relatif, au moment de terminer ces lignes, le DJ commençait à sortir des bombes comme Jump Around et Watcha Want.