Jean-Philippe Tremblay et son Orchestre de la Francophonie canadienne, qui se produisaient à Lanaudière vendredi soir, ajoutent un autre Bruckner à leur discographie. Après la septième Symphonie, enregistrée en 2006, voici la quatrième, produite l'an dernier. Dans les deux cas, l'enregistrement a été effectué au milieu d'exécutions en concert et il en est de même du programme de vendredi: jeudi, veille du concert, et de nouveau chez Analekta, l'orchestre enregistrait ses Wagner, Strauss et Claude Champagne, excluant les pages vocales et les remplaçant par un poème symphonique de Théodore Dubois.

La plupart des symphonies de Bruckner existent en plusieurs versions (ou éditions), en raison des remaniements (coupures, ajouts, réinstrumentation) qu'y effectuèrent l'auteur lui-même, des chefs d'orchestre ou des musicologues. La quatrième, que Bruckner termina en 1874 et intitula Romantique, fit l'objet de nombreuses retouches jusqu'en 1889, année où l'éditeur viennois Gutmann la publia dans une version préparée par Ferdinand Löwe.

De nos jours, la plupart des chefs choisissent la version de 1953 de Leopold Nowak, qui rétablit les premières moutures de Bruckner, celui-ci ayant souvent accepté contre son gré de modifier ses partitions. Bien que la version Löwe-Gutmann illustre le dernier des «accommodements» de Bruckner face à sa quatrième Symphonie, c'est cette version que Jean-Philippe Tremblay utilisa l'an dernier pour le présent enregistrement et les concerts qui suivirent.

On note, bien sûr, quelques différences par rapport à la version familière Nowak, mais la principale concerne le Scherzo. Chez Nowak, il se déroule très simplement: Scherzo proprement dit, Trio central, reprise du Scherzo. Curieusement, il se complique dans la révision Löwe que l'on supposait facilitée: la reprise du Scherzo s'arrête à la mesure 24, saute à la mesure 93 et débouche sur une coda de deux pages absente chez Nowak.

L'enregistrement correspond exactement à la durée du concert, 68 minutes, et l'expérience est la même. Tremblay vénère Bruckner et pousse ses jeunes à donner leur maximum dans cette musique qui ne fait pourtant pas partie de leur quotidien. La masse orchestrale est magistrale, les détails instrumentaux sont soignés, les timbres sont beaux. Quelques petites imprécisions chez les cors ne troublent jamais l'audition.

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Classique

Bruckner : symphonie n.4

Orchestre de la Francophonie canadienne

Dir. Jean-Philippe Tremblay