La belle-fille du peintre français Victor Vasarely, inculpée aux États-Unis du vol de tableaux d'une valeur de plusieurs centaines de milliers de dollars, clame son innocence et affirme que les oeuvres lui appartiennent.

Nouvel épisode d'une saga judiciaire et familiale qui dure depuis des années, Michèle Taburno-Vasarely, 61 ans, a été inculpée mercredi soir à Chicago de cambriolage et vol après avoir été arrêtée le 20 juin puis remise en liberté.

La belle-fille de l'artiste d'origine hongroise, maître de l'Op art, avait été arrêtée alors qu'elle déplaçait clandestinement les toiles d'un entrepôt à un autre situé dans le même immeuble, selon l'avocat du galeriste de Chicago, entreposant à l'origine les oeuvres, qui a évalué leur valeur à 575 000 dollars.

Aucune copie de l'acte d'accusation ni détails des charges retenues contre Mme Taburno-Vasarely n'étaient disponibles dans l'immédiat, selon le bureau du procureur du comté de Cook.

Une condamnation pour cambriolage peut entraîner une peine maximale de 7 ans de prison et celle de vol une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. Une audition est prévue le 6 août, a ajouté le bureau du procureur.

«Être accusé, cela ne veut pas dire que quelqu'un est coupable, pas du tout, pas du tout», a-t-elle dit à l'AFP, en quittant le tribunal de Chicago où elle a fait une brève apparition.

«Donné et volé, ce n'est pas le même mot. Moi, je suis arrivée (aux États-Unis) avec ce qui m'appartenait, que j'ai mis dans un lieu d'entreposage qui m'appartenait», a-t-elle expliqué.

«Tout ceci c'est pour faire du bruit, c'est pour me diffamer, c'est pour faire croire que j'ai volé. Moi, c'est très simple, je travaille avec mes oeuvres, je les mets dans les musées, et on sait très bien que quand on vole on ne les met pas dans un musée», s'est défendue Mme Taburno-Vasarely.

Le galeriste Thomas Monahan, qui avait entreposé des milliers d'oeuvres dans un premier entrepôt de Chicago pour le compte de Mme Taburno-Vasarely, assure qu'il a commencé à s'inquiéter de la provenance des tableaux en apprenant qu'une procédure judiciaire était en cours en France.

Son avocat lui avait alors conseillé de ne pas toucher aux oeuvres avant de savoir exactement à qui elles appartenaient.

L'avocat de Michèle Taburno-Vasarely affirme pour sa part que le galeriste voulait vendre des tableaux sans en avoir l'autorisation.

La famille Vasarely est au coeur d'une bataille judiciaire depuis plusieurs années. La plupart des 1300 oeuvres originales dont l'artiste avait doté la Fondation qui porte son nom, en plus de 18 000 sérigraphies, ont disparu, alors que la cote du peintre a beaucoup monté ces dernières années.

La Fondation conteste un arbitrage successoral de 1995 entre les deux fils du peintre qui a conduit à la dispersion des oeuvres. Elle a assigné en justice trois membres de la famille, dont Michèle Taburno-Vasarely, leur réclamant la restitution des oeuvres ou leur remboursement ainsi que le paiement de 5 millions d'euros de dommages-intérêts.

«C'est complètement injuste, estime Mme Taburno-Vasarely. Au début c'est moi qui ai eu des problèmes dans l'affaire Vasarely... Maintenant, ils m'accusent d'avoir volé des tableaux de la Fondation, ce n'est matériellement pas possible parce que je ne suis pas allée» en France, assure-t-elle. Mais «si je dois payer le prix ici, je le paierai. Le prix, c'est une image, je dois défendre l'oeuvre».