Les 27 et 28 juin, Jean-Marc Parent fera sienne la scène du Théâtre Saint-Denis dans le cadre du Festival Juste pour rire. À ses côtés, une brochette d'humoristes et son Mercedes Band. L'artiste, dont l'urgence de vivre a décuplé depuis son infarctus en décembre dernier, animera des spectacles-marathon, comme à l'époque de L'heure JMP et de ses grands rassemblements au Forum de Montréal.

Jean-Marc Parent ne pensait pas frapper un mur si jeune. À 45 ans. Seul, chez lui, après un spectacle donné à Granby, il a cru que sa vie allait s'arrêter brusquement. C'était le 23 décembre dernier. La douleur vive qu'il a soudainement ressentie dans la poitrine lui a rappelé que son père était mort d'une crise cardiaque à 54 ans. Devant l'urgence de la situation, l'humoriste a pris le volant et a roulé jusqu'à l'hôpital, à quelques minutes de chez lui. «Un infarctus abîme le coeur, mais j'ai réagi vite», se rappelle-t-il.

Les médecins ont rapidement pris le contrôle de la situation. L'humoriste est sauf, mais il vit depuis avec une frousse perpétuelle. «Chaque soir, je me couche et j'ai peur de ne pas me réveiller, avoue Parent. Souvent, sur scène, j'ai des douleurs. Ce sont les crises d'angoisse et les effets secondaires de l'un des maudits médicaments que je prends depuis. En vacances ou en tournée, j'inscris les adresses des hôpitaux à proximité de mon hôtel sur mon GPS. J'espère chaque fois que je m'en fais pour rien. Moi qui rêvais d'aller vivre dans le bois...»

Même si le coeur lui fait maintenant trois tours dans la poitrine avant chaque représentation, Jean-Marc Parent n'a pas pensé une minute abandonner sa carrière d'humoriste. Au contraire, il planche sur son prochain spectacle. Et son histoire de coeur occupera une place privilégiée dans les soirées humoristiques et musicales qu'il animera dans le cadre du Festival Juste pour rire, les 27 et 28 juin, au Théâtre Saint-Denis.

Dans la nostalgie

L'humoriste ne tient plus à perdre une minute de son temps. «Mon infarctus m'a redonné tout un élan, affirme-t-il. C'est incroyable à quel point on s'invente des obstacles dans nos vies. On passe notre temps à se demander où on s'en va après, au lieu de vivre au présent. On vit comme si on avait 400 ans en garantie.»

Ne pas perdre de temps signifie faire des choses qui lui plaisent vraiment. Sa présence à Juste pour rire, cette année, sera une belle occasion de souligner ses 20 ans de carrière. Dans la nostalgie. En effet, il remontera sur scène livrer un spectacle avec le Mercedes Band (toujours avec le guitariste Réjean Lachance), comme à l'époque de L'heure JMP qu'il animait à TQS et des spectacles de six heures qu'il donnait au Forum de Montréal, dans les années 90. Les Grandes gueules, Laurent Paquin, François Morency, Mike Ward, Steeve Diamond et Michaël Rancourt seront aussi de la fête.

Comme dans le bon vieux temps, le spectacle pourrait se terminer au petit matin. Ça ne fait pas cher de l'heure... À l'époque, après un spectacle au Forum, Jean-Marc Parent a d'ailleurs dû verser 40 000$ de sa poche aux techniciens de la scène... rémunérés à taux double après 23h. «À cette époque, je ne pensais pas vraiment à l'argent, soutient Parent. J'ai fait le Forum 13 fois et le Centre Molson (devenu le Centre Bell depuis) deux fois. Les premières fois, je faisais deux heures et demie de show, mais les gens ne voulaient pas que je parte.»

Témérité payante

C'est parce que Jean-Marc Parent est culotté qu'il s'est, un jour, retrouvé sur la scène du Forum. «J'avais, à l'époque, un show qui fonctionnait bien, raconte-t-il. Mais après avoir fait le Théâtre Saint-Denis II neuf soirs, les billets ne se vendaient plus. J'ai alors dit à mon agent que j'irais au Saint-Denis I. On m'a traité de fou, mais j'envoyais ainsi le signal que mon spectacle marchait fort. Mon plan a fonctionné. Mieux encore: le théâtre du Forum ouvrait au même moment. Céline Dion avait inauguré la place. Je l'avais entendue parler sur scène et ça passait très bien. Je me suis dit: je vais venir ici et j'ai investi toutes mes économies (80 000$).»

Pari risqué? Jean-Marc Parent a vendu des milliers de billets dans le temps de le dire grâce à une pub punchée (Jean-Marc attaque le Forum) et une invitée en première partie de spectacle qui ne laissait pas indifférent (Lara Fabian). «J'avais 31 ans et je n'avais rien à perdre, dit Parent. Dommage qu'on devienne peureux avec l'âge, ça brime notre créativité.»

Sa témérité de jeunesse lui vaut maintenant d'avoir duré 20 ans, malgré des périodes creuses. À la fin des années 80, Jean-Marc Parent était, effectivement, sacré Révélation Juste pour rire (ex aequo avec Stéphane Rousseau), grâce à un numéro aussi drôle que touchant dans la peau d'un handicapé. On ne manquera pas de souligner la chose la semaine prochaine en gags et en musique. «Je veux retrouver la même énergie qu'à l'époque, au Saint-Denis, affirme Jean-Marc Parent. Cela dit, je ne veux pas revenir en arrière. J'ai fait ça pendant 10 ans. Pas question que je parte en tournée avec ce spectacle. Je suis rendu ailleurs. Ce serait comme demander à Pierre Richard de refaire le Grand blond!»

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L'événement JMP, les 27 et 28 juin, à 19h30, au Théâtre Saint-Denis 1.