«C'est la première fois que j'imagine une fin heureuse. Moi qui suis tellement pessimiste, j'ai presque agi contre ma religion!» confie Fanny Britt, auteur de La corde au cou, la dernière mouture du Petit théâtre du Nord. Rare scène estivale vouée à la création, le Petit théâtre occupe temporairement les murs de la mairie de Blainville, puisque le toit de sa vieille grange a flanché durant le dernier hiver enneigé.

«C'est la première fois que j'imagine une fin heureuse. Moi qui suis tellement pessimiste, j'ai presque agi contre ma religion!» confie Fanny Britt, auteur de La corde au cou, la dernière mouture du Petit théâtre du Nord. Rare scène estivale vouée à la création, le Petit théâtre occupe temporairement les murs de la mairie de Blainville, puisque le toit de sa vieille grange a flanché durant le dernier hiver enneigé.

Fanny Britt s'est sentie «comme dans un carré de sable», à l'écriture de La corde au cou, une pièce nostalgique, mais volontairement légère et ensoleillée, qui parle d'une amitié liant trois mi-trentenaires aux parcours antagonistes. Une célibataire un peu triste, une mariée avec enfant et une fiancée y replongent dans leurs rêves d'adolescence.

«"C'est une mise en situation classique: trois amies, à la veille d'un mariage, révèlent des secrets, des choses non dites, des amours cachés. Cet affrontement de leurs personnalités cause des quiproquos et des malentendus», relate l'auteur de Couche avec moi, c'est l'hiver qui, pour cette deuxième incursion dans le théâtre «en été» - après Dromadaires, en 2007 -, s'est laissé tenter par le côté lumineux de l'être.

«Quelles vedettes?»

«J'avais envie de jouer avec les codes de la comédie. Jane Austen, c'est brillant parce que c'est porteur d'un esprit, d'une critique sociale, du portrait d'une époque, pas pas parce que ça traite de mariage, de «matchage» et de tromperie. Et là, je ne suis surtout pas en train de me comparer à Jane Austen!» s'exclame dans un rire spontané Fanny Britt, qui trouverait «maladement prétentieux» de se comparer à l'auteur d'Orgueil et préjugés.

Prise au dépourvu en avril par l'effondrement du toit de sa grange, la bande du Petit théâtre du Nord - Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Sébastien Gauthier et Mélanie Saint-Laurent - a dû trouver un gîte pour la belle saison. Lors de notre visite, des groupes de joueurs de bridge s'adonnaient à leur loisir préféré avec comme toile de fond le décor inspiré des livres de «pop up», de La corde au cou.

«Quelles vedettes jouent dans la pièce?», s'est d'ailleurs enquise une dame auprès du metteur en scène Sébastien Gauthier. Ce dernier a aimablement décliné les émissions de télé dans lesquelles jouent Félix Beaulieu-Duchesneau, Stéphanie Blais, Luc Bourgeois, Louise Cardinal et Julie Ménard, les membres de la distribution de La corde au cou.

«Oui, c'est une question qui revient, surtout chez un groupe d'âge particulier qui veut voir des têtes connues. Mais on a pris le pari de ne pas faire un casting de vedettes. Même si cette année, on a Julie Ménard qui est un peu plus connue que les autres, on ne peut pas faire compétition aux Benoît Brière, Martin Drainville ou Michel Forget», concède celui qui, depuis 10 ans, croit en la pertinence de «ne pas sous-estimer le désir des gens d'être exposés à autre chose.»

«Les gens se sentent intelligents, quand ils viennent chez nous. On ne les prend pas pour des imbéciles et on voit leurs goûts se développer», poursuit Gauthier qui déplore qu'au théâtre, la comédie soit encore perçue comme un sous-genre.

Cela dit, La corde au cou reste un objet purement estival par sa légèreté, voire ses penchants fleur bleue que Fanny Britt endosse pleinement. «C'est super rushant de vouloir «faire drôle», reconnaît celle qui puise à même ses propres névroses, pour créer des situations drolatiques.

«L'autocritique, dans mes textes, est une source d'humour inépuisable. Par exemple, j'ai imaginé le personnage de Louise (Cardinal) comme une anxieuse chronique profonde, qui cultive toutes sortes de superstitions. Finalement, son constat est que tout peut flancher, que nous ne sommes jamais à l'abri de rien.»

Même les plus pessimistes des angoissées urbaines ne se réinventent pas, même lorsqu'elles écrivent pour un théâtre en été loin du bitume. Mais avec un peu de sucre, les névroses se laissent siroter comme un cocktail fruité dégusté dans une chaise longue.

La corde au cou, de Fanny Britt, dans une mise en scène de Sébastien Gauthier, jusqu'au 23 août au Petit théâtre du Nord.