« Est-ce que réaliser des entrevues avec des joueurs pendant un match, dans le feu de l'action, est une bonne chose? J'en doute. La plupart du temps, les joueurs sont excités et c'est l'émotion qui parle. Personnellement, je crois qu'on devrait avoir une sérieuse réflexion sur le sujet. «

Le commissaire du football pour le Réseau du sport étudiant du Québec, Tom Allen, n'a pas aimé les commentaires émis en direct sur les ondes de la télévision de Radio-Canada par le secondeur Antoine Vaillancourt. Mais alors là, pas du tout.

Fier d'avoir réalisé un important plaqué aux dépens du retourneur Guillaume Rioux, du Rouge et Or, plaqué qui a provoqué un échappé et qui a mené à un touché du Vert & Or quelques secondes plus tard, Vaillancourt y est allé de ce commentaire plutôt étonnant lorsque interviewé par Antoine Deshaies, de Radio-Canada, à son retour sur les lignes de côté.

« On vise le casque. Quand tu vises le menton, les chances sont bonnes qu'il sorte. «

Ce que Vaillancourt ne savait pas, c'est que Rioux a subi une sévère commotion cérébrale sur le jeu, après, justement, que le casque de Vaillancourt se soit écrasé sur son menton.

Rioux est resté étendu de longues minutes sur le sol et pendant deux minutes, il ne réagissait pas aux questions des thérapeutes de l'équipe.

Pas de plainte

S'il a jonglé avec l'idée possible d'imposer une suspension à Vaillancourt pour ses propos déplacés, hier en début de journée, Tom Allen avait une opinion plus modérée, hier en fin de journée.

« Je n'ai pas besoin d'une plainte pour agir, c'est la prérogative du commissaire de le faire s'il considère que c'est admissible. Ce geste est complètement contre le code d'éthique du RSEQ «, a d'abord indiqué Allen, en précisant qu'il n'avait reçu aucune plainte de la part de l'Université Laval.

« On veut que ça se règle entre les deux institutions. J'ai donc laissé les deux universités jaser de ça. Je sais que le jeune (Vaillancourt) a envoyé une lettre d'excuses cet après-midi (hier). Il ne me reste qu'à recevoir la réaction finale de Laval et si tout est acceptable, ça va rester là. «

S'il n'excuse pas les paroles de Vaillancourt, Tom Allen croit par contre qu'on met les joueurs dans une position idéale lorsqu'on prend leurs commentaires à chaud.

« Est-ce que Vaillancourt savait, lorsqu'il a émis ces commentaires, que Rioux était encore au sol et qu'il ne bougeait pas? J'en doute. Moi, je n'aime pas ça. «

Un manque de jugement

C'est à la conclusion du match de samedi que l'entraîneur-chef du Vert & Or, David Lessard, fut mis au parfum de l'histoire. En fait, ce sont les médias qui l'ont mis au courant.

« Ma première réaction fut la surprise. Antoine n'est tellement pas ce genre de joueur là. C'est l'un de nos meilleurs étudiant athlète, lui qui étudie en génie civil. Mais ça n'excuse en rien son manque de jugement. On ne veut pas de ça dans notre sport. Le Vert & Or, ce n'est tellement pas ça. C'est décevant «, a lancé Lessard, qui a dû multiplier les entrevues médiatiques à ce propos.

« J'ai appelé coach (Glen) Constantin hier. J'étais fâché et il m'a dit de ne pas m'en faire, qu'il savait qu'on était un groupe d'entraîneurs qui travaillait fort et dans le respect. Il m'a aussi mentionné qu'il savait qu'Antoine n'avait pas la réputation d'être un joueur salaud. Ça m'a soulagé un peu, même si ça n'efface pas les paroles. « Lessard a dirigé Vaillancourt avec Équipe Québec avant qu'il ne joigne le Vert & Or. « C'est un bon p'tit gars. On va par contre ce servir de son cas pour faire réfléchir les autres. On fait un gros travail, chaque semaine, pour rappeler aux joueurs de peser leurs mots, de faire attention. Généralement, les jeunes font une bonne job. C'est à nous de jouer davantage notre rôle d'éducateur. «

Il a été impossible de parler à Antoine Vaillancourt, hier.