Le Musée Des Beaux-Arts De Sherbrooke Célèbre Sa Trentaine Trois Fois Plutôt Qu'une. Pour Marquer Les 30 Ans D'existence De L'institution Muséale, La Conservatrice Sarah Boucher A En Effet Concocté Un Trio D'expositions À Partir Des Oeuvres De La Collection Du Musée. Constituée De Quelque 25 Toiles Acquises Entre 1982 Et 1992, L'exposition Qui Lance Le Bal Permet Un Plongeon Dans Le Temps Et Dans L'imaginaire.

« Il y a un aspect historique à cette expo, mais il y a aussi une dimension hommage. C'était très important pour moi de reconnaître le travail des bâtisseurs, de ceux qui, les premiers, ont imaginé un Musée comme celui qu'on a aujourd'hui à Sherbrooke «, explique Mme Boucher.

Les oeuvres de Jeannine Bourret, Marcel Gingras, Jacques Hurtubise, Fernand Toupin, Kittie Bruneau, Claude Lafleur, Monique Voyer, Arlette Vittecoq et Jacques Barbeau comptent parmi celles sélectionnées par la conservatrice. Quelques documents d'archives ainsi que certains des tout premiers cartons d'invitation ajoutent à la dimension historique de la visite. En lisant les écrits, en refaisant le parcours de ceux qui ont porté le projet longtemps avant que l'établissement ne s'installe rue Frontenac, on prend toute la mesure du chemin parcouru. On réalise aussi qu'au départ, il a fallu qu'une poignée de rêveurs investissent temps et énergie sans compter. Jeannine Blais, Lise Beaulieu et Jean-Réal Brunette ont été les premiers à défricher le sentier. Inspirés par leur élan, d'autres se sont greffés au groupe. Certains étaient des artistes, d'autres, des collectionneurs. Les uns et les autres ont fait don de toiles ou de pièces d'art. Peu à peu, le ventre de la bâtisse s'est rempli. Aujourd'hui, près de 4600 oeuvres composent la collection privée du Musée des beaux-arts de Sherbrooke. C'est dans celle-ci que Sarah Boucher est allée fouiller pour monter Trois*fois*dix. La collection en trois temps.

« Pour le premier volet, qui est exposé jusqu'au 9 décembre, j'ai choisi des oeuvres d'artistes d'ici ainsi que d'autres réalisées par des artistes importants de l'époque «, souligne la conservatrice, qui a aussi retenu une toile datant de 1850.

« C'est le portrait d'une femme, qui a été réalisé par Robert Réginald Whale. À l'époque, les peintures du genre étaient très codées. Le bouquet de fleurs flétries qu'elle tient à la main, par exemple, a certainement une signification. Don de Paul-André Blais, cette oeuvre est très importante pour nous. Longtemps, elle a été l'emblème de la Collection, elle imageait le Musée. Probablement parce qu'avec son allure vieillotte, elle semble venir de loin, sortir d'un autre âge. Dans l'esprit collectif, cela réfère aux beaux-arts «, note Mme Boucher.

Celle-ci a pris soin de créer un fil conducteur entre toutes les oeuvres présentées. L'exposition a beau réunir des artistes de tous horizons, on reconnaît des courants, des thèmes, des préoccupations. L'ensemble forme un tout cohérent.

Revenir ainsi sur l'hier et les fondations, c'est aussi se projeter dans l'avenir. Sarah Boucher envisage le futur avec l'envie de poursuivre le mandat qu'elle s'est donné.

« On va continuer dans la même veine, c'est-à-dire programmer des expositions qui permettent de représenter tous les médiums, sur une période donnée. On va aussi alterner entre les expositions historiques et l'art actuel. C'est ce qui fait la richesse d'une programmation. Et je souhaite aussi présenter des choses inédites, intéressantes. «