Consterné que son nom ait surgi à la commission Charbonneau, le député péquiste André Villeneuve assure n'avoir «aucun lien avec la mafia de quelque façon que ce soit». «Je n'ai jamais mis les pieds au Consenza de ma vie», a-t-il clamé hier.

Une entreprise de construction qui lui appartient, Plancher Mirage André Villeneuve, fait partie des 74 sociétés dont des véhicules ont été vus par la GRC entre 2002 et 2006 dans le stationnement d'un petit centre commercial où se trouvait le club social Consenza, qui était le quartier général de la mafia sicilienne. Le lieutenant-détective Éric Vecchio, de la police de Montréal, a révélé cette liste à la commission Charbonneau, jeudi.

André Villeneuve a eu «les jambes coupées» en apprenant la nouvelle. «Je n'en revenais pas. Ça fait deux ans et demi qu'on demande une commission d'enquête et - surprise! - mon nom sort en commission», a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Il ne sait pas pour quelle raison un véhicule de son entreprise s'est retrouvé au petit centre commercial de Saint-Léonard. Plusieurs commerces utilisent le stationnement, a-t-il noté.

Il a demandé à la commission Charbonneau de lui donner plus d'information, comme les dates exactes et le numéro d'immatriculation du ou des véhicules. «Si je peux faire un reproche [à la commission], c'est celui de ne pas avoir fourni ces éléments que je demande» dès jeudi, a-t-il dit.

Entre 2002 et 2006, M.Villeneuve avait trois employés. Il a pris contact avec eux pour éclaircir cette affaire. Il a eu trois ou quatre véhicules, selon l'année.

Son chiffre d'affaires n'a jamais dépassé 300 000 dollars par année, et il travaillait «à 99% dans le résidentiel». Il n'a jamais eu de contrats municipaux.

André Villeneuve ne croit pas nécessaire de se retirer du caucus péquiste le temps que la lumière soit faite. La première ministre Pauline Marois a promis la tolérance zéro en matière d'intégrité. «J'ai dit à Mme Marois que c'est elle qui déciderait de la suite des choses, et je suis encore ici. [...] Elle ne m'a pas dit non, elle ne m'a pas dit oui. On attend d'avoir de l'information pour savoir où on va avec ça», a-t-il indiqué.

Avant de devenir député de Berthier, en 2008, André Villeneuve était non seulement entrepreneur, mais également maire de Lanoraie depuis 1999. Il n'a jamais eu vent de malversations ou d'appels d'offres truqués dans sa municipalité. «C'est sûr que le conseil municipal se posait des questions à l'occasion, et peut-être avec raison. On va voir ce que la commission Charbonneau va dévoiler. [...] On savait que ça coûtait de plus en plus cher dans les municipalités. On le voyait. Mais de là à imaginer un système...» a-t-il dit.

Le député libéral Robert Poëti croit les propos de M.Villeneuve. Il refuse de verser dans la «culpabilité par association» comme l'a fait PQ dans le passé, selon lui. Le PQ doit «éclaircir cette histoire», mais il n'a pas à exclure le député de son caucus, a-t-il dit.