Dans Juno de Jason Reitman, Ellen Page incarnait une adolescente enceinte, une femme-enfant très mature. Dans To Rome with Love de Woody Allen, elle devient une femme à laquelle les hommes ne résistent pas, une femme fatale... très enfant. Discussion avec une jeune actrice heureuse.

Avoir Ellen Page au bout du fil, c'est recevoir des cascades de rire et d'éclats de bonheur à l'oreille. La jeune actrice canadienne maintenant installée à Los Angeles est contagieuse de bonne humeur. Parler de son incursion dans le monde de Woody Allen, le temps du tournage de To Rome with Love, ne fait qu'ajouter à son feu de joie. «Ç'a été une expérience hallucinante, dit-elle au bout du fil. J'y repense et c'est encore difficile de croire que c'est vraiment arrivé.»

Tout a commencé par un appel téléphonique lui annonçant que Woody Allen voulait la rencontrer. Que fait-on dans un cas comme celui-là? On prend l'avion pour New York et on va rencontrer Woody Allen. En étant «100% intimidée». Et, au moins autant, excitée. Lui? «Très gentil et tranquille», résume Ellen Page qui est repartie avec le scénario de ce film choral se déroulant à Rome, comme son titre l'indique, et suivant une quinzaine de personnages à travers des histoires d'amour - où résonnent parfois la relation avec la célébrité et le mal-être dans sa peau. Des teintes bien «alleniennes», quoi.

Les Penélope Cruz, Roberto Benigni, le ténor Fabio Armiliato, Judy Davis et Woody Allen lui-même se sont, entre autres, prêtés à ce jeu romain. L'arc dramatique touchant directement Ellen Page (Monica) est quant à lui peuplé par Alec Baldwin (John), Jesse Eisenberg (Jack) et Greta Gerwig (Sally). Le premier est un architecte de renom qui, en vacances, rencontre le deuxième, étudiant en architecture. L'aîné se revoit dans le plus jeune. Les aspirations professionnelles. Mais, également, les amours compliquées. Parce que Jack vit avec Sally, qui lui présente sa copine Monica. Ah, Monica! Une actrice entre deux contrats, à laquelle aucun homme ne résiste. Jack assure Sally qu'elle n'a rien à craindre. Sauf qu'il succombera au charme innocent (vraiment?) de cette femme fatale qui se présente sous les traits d'une femme-enfant.

«Monica est un étrange mélange: elle semble libre et à l'aise dans sa vie et son corps, mais, en même temps, elle cherche l'approbation des autres, elle vit dans leur regard. Elle a besoin du monde extérieur et de se sentir regardée pour être bien», explique la comédienne qui a tout de suite été intéressée par le rôle parce qu'il a été écrit par Woody Allen, bien sûr, mais aussi parce qu'il est «très différent de ce qu'[elle a eu] à jouer auparavant».

Rome

Elle s'est donc rendue à Rome - où elle avait passé quelques jours inoubliables en compagnie de Diablo Cody, au moment de la sortie de Juno - pour y travailler pendant trois semaines. L'équipe venait de terminer l'histoire mettant en scène Penélope Cruz dans la peau et les courbes d'une prostituée au grand coeur qui se fait passer pour la femme d'un jeune campagnard venu présenter sa nouvelle femme à sa famille très stricte - sauf que la femme en question, sage (hum...) institutrice, s'est perdue dans les rues de Rome et atterrit sur un plateau de tournage où règne un acteur très, très entreprenant.

«Woody a en quelque sorte tourné quatre courts films», indique Ellen Page qui était nerveuse, elle l'admet, à son arrivée sur le plateau. La présence du légendaire réalisateur y était pour quelque chose.

«Il nous laisse beaucoup de liberté et d'espace, ce qui est à la fois libérateur et terrifiant - parce qu'on veut bien faire et ne pas le décevoir», rigole celle qui a été impressionnée par la tranquillité du réalisateur, par sa manière «de savoir ce qu'il veut puis de créer l'espace pour les acteurs, afin qu'ils arrivent au naturel et à la fluidité qu'il recherche».

Jesse Eisenberg

Elle a partagé cette expérience avec Jesse Eisenberg en particulier. Elle forme avec lui un couple qui n'est pas sans rappeler celui qu'elle a créé avec Michael Cera dans Juno. Même si Monica est très différente de l'adolescente enceinte qu'elle incarnait alors, Jesse Eisenberg, lui, possède une énergie qui ressemble à celle de Michael Cera.

«Tout le monde me dit cela, pouffe Ellen Page. Mais je ne le vois pas, probablement parce que je les connais tous les deux et que je sais combien ils sont différents l'un de l'autre. Mais, oui, je peux comprendre.»

C'est ainsi que, de scène en scène, la nervosité du début s'est atténuée. Avant de disparaître. «En fait, peu importe le réalisateur et le projet, je suis toujours intimidée avant de commencer un tournage. Est-ce que je serai capable? Est-ce que je vais tout gâcher? Puis, je me lance, je plonge, je laisse aller. Et tout se met en place. Au bout du compte, conclut-elle avec un sourire dans la voix, j'aime cette nervosité des débuts.»

To Rome with Love (Rome mon amour) prend l'affiche le 20 juillet.