Pour son second long métrage de fiction, Louise Archambault signe Gabrielle, l'histoire d'une jeune adulte essayant de vivre l'amour malgré son handicap intellectuel. Et dans lequel la comédienne Gabrielle Marion-Rivard, atteinte du syndrome de Williams, est l'actrice la plus heureuse en ville.

Elle était un brin nerveuse, mais avait un grand sourire et une envie insatiable de parler de cette nouveauté dans sa vie: être comédienne. Une corde de plus à son arc puisque Gabrielle Marion-Rivard, 23 ans, chante depuis cinq ans et a l'oreille absolue.

Gabrielle ne défend rien de moins que le rôle principal dans... Gabrielle (titre de travail), oeuvre de Louise Archambault (Familia) et nouvel opus de la maison micro_scope (Incendies, Monsieur Lazhar). La jeune femme est entourée de Mélissa Désormeaux-Poulin, Alexandre Landry, Benoit Gouin, Marie Gignac et quelques autres dans cette histoire d'amour singulière.

Dans un centre de loisirs pour personnes vivant avec une déficience intellectuelle, Gabrielle chante dans une chorale. Elle s'amourache de Martin (Alexandre Landry). Leur amour fait face aux réserves de leur famille et des intervenants sociaux. Au moment où leur chorale se prépare à un festival de musique au cours duquel elle doit accompagner Robert Charlebois, Gabrielle essaie d'acquérir son autonomie.

«Dans l'histoire, Gabrielle a une mère qui ne s'occupe pas d'elle et un père décédé, dit la comédienne. Elle est très amoureuse d'un beau garçon (rires). C'est comme une histoire de Roméo et Juliette, mais québécoise. Je connais cette histoire par coeur. C'est un couple en amour, mais leurs parents se détestent. J'ai vu le film avec Leonardo di Caprio.»

Mais Gabrielle Marion-Rivard préfère les grandes histoires d'amour à l'opéra. «Il y a Nabuchodonosor (Nabucco) et La Traviata qui est une histoire vraiment triste», disait-elle avec assurance hier sur le plateau de tournage installé au Centre récréatif, culturel et sportif Saint-Zotique, dans le quartier Saint-Henri.

De tolérance et d'apparence

En marge de sa quête d'amour, Gabrielle doit faire face au départ de sa soeur Sophie (Mélissa Désormeaux-Poulin) pour l'Inde. «Sophie a cette dualité entre son côté fraternel et son côté maternel par rapport à Gabrielle, parce que leur mère [Isabelle Vincent] a une carrière et est très absente, raconte la comédienne qu'on a vue dans Incendies. Elle est déchirée entre son départ vers l'Inde pour rejoindre son amoureux [Sébastien Ricard] et laisser Gabrielle. Elle a peur pour sa jeune soeur.»

Louise Archambault explique avoir voulu faire un film sur la tolérance et l'ouverture. «J'ai croisé des gens avec une déficience intellectuelle. Je me souviens par exemple d'une jeune fille dans une piscine publique qui criait dans le vestiaire, ce qui semblait mettre tout le monde mal à l'aise. Or, dès qu'elle fut dans l'eau, elle était d'un grand calme. C'est curieux, le comportement que nous avons face à ces gens. Quand je regarde l'ensemble de mes films, je me rends compte que j'aborde souvent les questions d'apparence, de premières impressions.»

Coup de foudre

Pour Mélissa Désormeaux-Poulin, la première rencontre avec Gabrielle Marion-Rivard a été un coup de foudre. «Elle est tellement authentique, dit-elle. Avant le tournage, je ne voulais pas juste faire semblant d'être sa soeur. J'ai passé du temps avec elle, je suis allée dans sa famille, au centre qu'elle fréquente, etc. Elle est dans ma tête tout le temps.»

Gabrielle était de son côté trop heureuse d'avoir une soeur le temps d'un film. Parce que dans la vraie vie, elle a deux frères. Et les frères, c'est bien connu, c'est parfois fatigant!

Gabrielle Marion-Rivard espère qu'il y aura une suite à cette nouvelle carrière. «J'aimerais ça jouer un vampire, dit-elle. J'adore les films de ce genre. J'aimerais faire un vampire gentil ou rebelle, je ne sais pas encore.»

Le tournage de Gabrielle se poursuit jusqu'au 15 juillet.