Hier, à la Cinémathèque québécoise, avait lieu le lancement d'un coffret DVD hommage au cinéaste Jean-Claude Labrecque. Le principal intéressé était toutefois absent, car il se trouve en observation à l'hôpital depuis dimanche. Il devrait y subir une intervention pour la pose d'un stimulateur cardiaque.

L'atmosphère était solennelle à la Cinémathèque, où s'étaient réunis amis, comédiens et membres de la famille pour le lancement du coffret de collection. M. Labrecque, dont c'était également l'anniversaire hier, voulait que l'événement ait lieu malgré son absence. «Son oeuvre est plus importante que lui. Il tenait à ce que vous y soyez», a dit son fils Jérôme, en précisant qu'il lui avait fallu quatre heures de négociations serrées pour convaincre son père de se rendre à l'hôpital. Son autre fils, Martin, s'en allait d'ailleurs lui remettre une copie du coffret DVD tout de suite après l'événement.

Un coffret de 15 films

Le coffret contient 15 films répartis sur 6 disques, choisis avec soin dans l'oeuvre foisonnante du cinéaste, sans discrimination entre documentaire et fiction. Le choix n'a pas été facile, puisque Jean-Claude Labrecque a porté toutes les casquettes en plus de 40 ans de métier. «Caméraman, directeur photo, réalisateur, monteur, scénariste, producteur, et même acteur (dans le film Clair-obscur, en 1988): il a dû faire tous les métiers dans le cinéma», a lancé Pierre Paquet, président d'Imavision, la boîte qui distribue le coffret DVD.

S'y trouvent, pour ne nommer que ceux-là, les films Les smattes avec les frères Donald et Daniel Pilon (1972), Les vautours (1975) et Marie Uguay (1982), où le cinéaste suit pendant un an une jeune poète morte du cancer à l'âge de 26 ans. Sans oublier les documentaires 60 cycles (1965) sur le désormais disparu Tour cycliste du Saint-Laurent, Le RIN (2002) et le portrait de Bernard Landry À hauteur d'homme (2003), gagnant d'un prix Jutra.

Guidé par son instinct, Jean-Claude Labrecque a aussi été un des deux seuls cinéastes à avoir filmé la célèbre phrase «Vive le Québec libre» lancée par le général de Gaulle lors de sa visite légendaire en 1967. Le DVD reprend aussi La nuit de la poésie, 27 mars 1970 et sa réédition en 1980.

Santé chancelante

Jean-Claude Labrecque n'avait pas l'air en forme au cours des dernières semaines, selon son fils Martin. C'est la conjointe du cinéaste, Francine Laurendeau, qui a appelé ses deux fils à la rescousse. « Mon père est bucké, mais il n'est pas fou, dit son fils Jérôme. Il a accepté.»

Mais même s'il est affaibli en ce moment, Jean-Claude Labrecque ne manque pas d'idées. Selon sa conjointe, il prépare un documentaire sur le roman du terroir Maria Chapdelaine, plus précisément sur l'adaptation cinématographique que le réalisateur français Julien Duvivier en avait tirée en 1934. Visiblement, le cinéaste qui soufflait ses 74 bougies hier ne semble pas avoir dit son dernier mot.