Après avoir fait battre les coeurs de millions de jeunes gens grâce à la série Twilight, Robert Pattinson serait-il en train de se forger une vraie crédibilité d'acteur grâce à Cosmopolis?

Robert Pattinson dans un film de David Cronenberg? Pour le commun des cinéphiles, cette association ne relève pas de l'évidence. C'est pourtant au jeune acteur anglais, superstar mondiale depuis le succès de la série Twilight au cinéma, que le célèbre cinéaste canadien a fait appel pour incarner Eric Packer, le personnage central de Cosmopolis.»

J'ai eu très peur, a confié l'idole lors d'une rencontre de presse tenue la semaine dernière à Cannes. J'étais en train de tourner le dernier volet de Twilight quand on m'a fait parvenir le scénario. J'ai appelé David le soir même. Je lui ai dit que son scénario était cool, que je le trouvais drôle au début, mais qu'à l'arrivée, je ne comprenais pas vraiment de quoi il s'agissait. Et puis, j'ai aussi vu que le personnage était dans tous les plans. Le risque d'échec était immense. J'ai dit à David que je le rappellerais le lendemain, mais il m'aura fallu une bonne semaine avant de faire cet appel, finalement.

«J'étais angoissé, poursuit-il, car j'essayais de trouver un moyen de lui dire non. J'étais ainsi dans la position de celui qui doit rappeler David Cronenberg - David Cronenberg, quand même! - pour lui annoncer mon intention de renoncer au film. Je ne me sentais pas à la hauteur, pas assez bon, beaucoup trop «moumoune». Ce n'est pas le genre d'appel facile à faire. Au cours de la discussion, David m'a confié ne pas trop savoir lui-même quel est vraiment le propos du film non plus. Il a fini par me convaincre!»

David Cronenberg n'étant pas friand des répétitions, Robert Pattinson a aussi dû traverser une autre période d'inquiétude, tout juste avant le tournage du film.

«J'ai passé deux semaines dans une chambre d'hôtel à angoisser, dit-il. J'aime toutefois beaucoup la méthode de travail de David sur un tournage. Une fois le plan choisi, il voit à tout afin que la scène soit la meilleure possible.»

Un peu perdu

Cosmopolis, présenté en compétition officielle la semaine dernière au Festival de Cannes, marque à l'évidence une étape dans la carrière de Robert Pattinson. Dans cette adaptation du roman culte de Don DeLillo, l'acteur se glisse dans la peau d'un jeune milliardaire complètement coupé du monde (et de lui-même), qui arpente toute la journée les rues de New York dans sa luxueuse limousine. Que la ville soit en tumulte tout autour ne semble lui faire ni chaud ni froid. Eric Packer n'a qu'un seul but: gagner le quartier de son enfance afin de se faire couper les cheveux.

«Ce type est étranger à tout et ne comprend rien de ce qui lui arrive, fait remarquer Pattinson. Au bout d'une semaine de tournage, je me suis d'ailleurs aperçu que David se concentrait davantage sur les scènes où j'avais moi-même l'air un peu perdu, plutôt que sur celles où j'essayais de jouer de façon plus consciente. Il préférait de loin les moments où je me suis lancé sans trop réfléchir. Packer tente de fuir une prison qu'il a lui-même construite.»

Vie de star

La présence de Robert Pattinson sur la Croisette a suscité un émoi collectif qui témoigne de la fascination qu'exerce le jeune homme, particulièrement sur les fans de la série Twilight. L'acteur a d'ailleurs appris à vivre avec ce genre de popularité, assez exceptionnelle. Aussi a-t-on eu vite tendance à reléguer Pattinson au rayon de ces beaux gosses ténébreux, vénérés davantage pour leur apparence que pour leur talent.

À la suite de la présentation de Cosmopolis, la presse internationale, du moins une partie, a pourtant changé son fusil d'épaule. Robert Pattinson serait désormais passé du statut de star à celui d'acteur. Cela fait bien marrer le principal intéressé.

«Cela ne tient pas à grand-chose, dit-il. Il est certain que j'ai emprunté un parcours un peu inhabituel. Normalement, un acteur commence par jouer dans de petits films et, ensuite, il passe à des productions plus importantes. Dans l'esprit des gens, je suis arrivé de nulle part et je me suis retrouvé dans une superproduction. Or, j'avais quand même tourné des films avant Twilight. Ce fut difficile, d'ailleurs. Je gagnais très mal ma vie. S'il n'y avait pas eu Twilight, je ne sais d'ailleurs pas si j'exercerais toujours ce métier aujourd'hui.»

«Je sais qu'à Cannes, ajoute-t-il, certains affirment que le Festival s'est complètement discrédité en invitant Kristen Stewart, Zac Efron et moi-même. Je trouve ça un peu ridicule. D'autant que les films que nous venons présenter ici ont tout à fait leur place dans le cadre d'un festival de cinéma.»

Cosmopolis prend l'affiche le 8 juin en version originale et en version française.