Pour l'amateur de vin, les souvenirs des premières bouteilles qui lui ont, pour ainsi dire... ouvert les yeux et l'esprit, comptent parmi les plus émouvants.

Jusque-là, il avait l'impression que tous les vins se ressemblaient plus ou moins, alors que, soudainement - révélation! - , il découvrait, grâce à quelques bouteilles, à quel point ils peuvent être différents!

«Le moi est haïssable», selon le proverbe.

N'empêche, qu'on me permette - une fois n'est pas coutume - , d'évoquer le souvenir d'un certain nombre de vins qui, en ce qui me concerne, furent, pour ainsi dire, les premières portes à me faire entrer dans cet univers si riche, si complexe...

- Premières Côtes de Blaye 1975 Château Clairac. Plutôt carré, tannique comme tant de 1975, il s'imposait par sa générosité. À prix très doux, car, de mémoire, il coûtait dans les 10$...

- Châteauneuf-du-Pape 1979 Les Silex Château Cabrières. Monumental, on comprenait instantanément ce que pouvait être un grand vin de cette appellation. Moins de 13$.

- Mâcon 1976 Joseph Drouhin. Pendant quelques mois, ce vin rouge, de Gamay, fut l'égal de quantité de très bons bourgognes. Puis (comme on disait autrefois), il tomba brutalement dans ses bottes. Dans les 10$, de mémoire.

- Clos de la Roche 1970 Faively. Le premier grand bourgogne rouge que j'ai eu le bonheur de goûter, à la table d'un ami.

- Margaux 1977 Château Palmer. Comme le Mâcon, il fut éblouissant, mais cela ne dura pas, à cause bien sûr du millésime. Un peu plus de 20$.

- Sassicaia 1979. Solide, concentré, alors que ce vin était encore à peu près inconnu. Moins de 16$, contre près de 200$ à l'heure actuelle pour ce qui est des jeunes millésimes.

Je m'arrête là... je passe sous silence les merveilles que furent tant de bordeaux rouges 1982 et dont j'ai fait état, dans cette page, à plusieurs reprises.

Sommelier émérite, Don-Jean Léandri, qui est entre autres le chef d'orchestre du service lors des grandes dégustations de Montréal Passion Vin (plusieurs dizaines de sommeliers travaillent alors sous ses ordres), s'émerveille du chemin parcouru au Québec en matière de vin au cours des dernières décennies.

Il a bien raison.

Côtes du Rhône Villages 2010 Sablet Cuvée Clémence Domaine de Boissan. 18,70$ (712521), * * *1/2,$$, 2012-2014.

Beaucoup de couleur, beaucoup d'ampleur sur le plan olfactif, avec les petits fruits noirs qui dominent, genre mûres et cerises noires, avec la bouche qui suit. Concentrée, bien en chair, corsée, bâtie sur des tannins gras. 50% Grenache et 50% Syrah, le Grenache étant élevé en cuves et la Syrah en fûts. 14,5% (156 caisses).

Vin de Pays des Coteaux D'Enserune 2008 Enseduna, 18,40$ (11338031), * * *,$$, 2012-2013.

Vin rouge du Languedoc, richement coloré, au bouquet... bien difficile à décrire, si ce n'est de quelques notes chocolatées (le bois). De corps moyen, d'une bonne concentration, ses tannins sont souples, sans rugosité. 45% Syrah, 40% Merlot et 15% Cabernet Sauvignon, avec élevage en cuves et en fûts. 13,5% (132 caisses).

Saint-Romain 2009 Domaine Taupenot-Merme, 33,25$ (11094866), * * *1/2,$$$1/2, 2012-2016.

Très beau bourgogne rouge de la Côte de Beaune, sa couleur soutenue témoignant de l'excellence du millésime. Bien extrait sans que ce soit exagéré, ses saveurs sont franches, pures, son bouquet se présentant avec la même netteté. Élevage en fûts, dont 25% de neufs. Savoureux. 13% (92 caisses).

Oregon 2009 Pinot Gris Eola Hills, 19,20$ (11603501), * * *,$$, 2012-2013.

Vin blanc de l'Oregon, de Pinot Gris, son bouquet, tout en fruit, est intense, expressif, plus aromatique qu'on s'y attend. En bouche, des saveurs bien mûres, passablement relevées, avec une certaine fermeté en fin de bouche. Particulier, et très bon. 6,5g de sucre résiduel par litre, sans que ce soit dérangeant. En apéritif, avec un poisson en sauce ou même une viande blanche. 12,6% (73 caisses).

Vinho Regional Alentejano 2009 Tinta da Anfora, 14,95$ (11223592), * * *,$1/2, 2012-2013.

Vin rouge portugais, il est bien coloré sans être du tout opaque, son bouquet, de bon volume, net, associant fruits noirs et fruits rouges. Plus que moyennement corsé, charnu, il ne manque pas de corps, et ses tannins sont aimables. Tempranillo, Trincadeira (c'est la Tinta Amarela du Douro), Touriga Nacional et Cabernet Sauvignon, avec élevage en fûts de chêne français et américain. À prix doux. 14% (203 caisses).

Lussac Saint-Émilion 2009 Le Rival Château Soleil, 45,50$ (1167006), * * *1/2,$$$$, 2012-2019.

Bordeaux rouge quasi opaque, vinifié par Stéphane Derenoncourt, au bouquet large, marqué par des arômes rappelant à la fois le goudron et la réglisse. Corpulent, très concentré quoique sans lourdeur, équilibré, sa riche matière réussit à bien faire passer sa teneur en alcool. 90% Merlot et 10% Cabernet franc, avec élevage en fûts, dont 50% de neufs. À Signature. 14,5% (81 caisses).

La recommandation de la semaine

Chianti Classico 2009 Fonterutoli Mazzei

Un chianti très réussi, surtout de Sangiovese (90%), avec de la Malvasia Nera (5%) et du Merlot (5%), bien coloré, et dont le bouquet, discrètement épicé (le bois), de très bonne ampleur, nuancé, est riche en arômes de petits fruits noirs et rouges. Il est relativement corsé, charnu. Ses tannins, gras, bien enrobés, n'ont rien d'agressif. Élevage en fûts de chêne français, dont pas moins de 40% de neufs. Impeccable. À goûter sans faute. 13,5% (1301 caisses).

24,95$ (856484), * * *1/2,$$$, 2012-2017.