Zabou Breitman signe l'adaptation au grand écran de No et moi, roman éponyme à succès de Delphine de Vigan, traduit en 20 langues, une chronique sociale qui livre une réflexion sur l'amour maternel et la solidarité.

À 13 ans, Lou (Nina Rodriguez) a deux classes d'avance, mais fait à peine son âge. En pleine dépression, sa mère (Zabou Breitman) ne lui accorde que peu d'attention alors que son père (Bernard Campan) tente de garder la tête au-dessus l'eau. Curieuse du monde qui l'entoure, Lou décide de faire un exposé sur une jeune femme sans-abri. S'amorce alors une belle histoire d'amitié avec l'imprévisible et exubérante No (Julie-Marie Parmentier), qui, à 18 ans, fait la manche, quête des clopes, et boit bien plus qu'il ne le faut. Elles apprendront à s'apprivoiser et No viendra vivre chez Lou, redonnant un peu de vie à un foyer dysfonctionnel.

Il aura fallu près de trois mois à la réalisatrice pour accepter de porter No et moi à l'écran. «J'ai dit non sans même l'avoir lu. J'avais eu beaucoup de difficulté à adapter Je l'aimais et je voulais mener un projet personnel. Mais quand le livre est arrivé chez moi et que j'ai parcouru le quatrième de couverture, j'ai trouvé ça tellement accrocheur que je l'ai lu. Ça résonnait sur plein de choses et j'avais aussi envie de travailler avec de très jeunes acteurs», explique Zabou Breitman.

Double rôle

C'est à travers le regard un peu naïf de Lou, qui s'est donné pour mission de sauver No, que se déroule l'action du film.

«Tout repose sur ses épaules. Jamais je n'aurais pu prendre une jeune fille qui n'était pas une vraie première de classe comme Nina Rodriguez. Elle apprenait son latin entre deux prises!», ajoute la réalisatrice en riant.

Si on la retrouve pour la quatrième fois de sa carrière derrière la caméra, Zabou Breitman incarne également la maman de Lou, une femme usée qui a abandonné son rôle de mère depuis la mort subite de son nouveau-né.

«L'absence maternelle était un sujet qui me plaisait beaucoup et c'est d'ailleurs l'axe principal du livre de Delphine de Vigan. No a été abandonnée par sa mère et Lucas, l'ami des deux complices, croise la sienne entre deux voyages», dit-elle.

Dure réalité

No et moi pose également un regard sur le sort de ces jeunes femmes sans-abri qui doivent faire face à une dure réalité une fois sorties d'un système d'accueil qui ne les prend plus en charge après leur majorité.

«Elles sont complètement démunies en sortant de là, car elles ont toujours été surprotégées. Pour les filles dans la rue, c'est vraiment dur. Elles sont une proie idéale et c'est tellement éprouvant qu'elles s'endorment partout où elles trouvent un peu de chaleur», précise Zabou Breitman.

La réalisatrice et son équipe ont passé du temps dans les associations accueillant ces jeunes femmes et Julie-Marie Parmentier a même passé une nuit avec une sans-abri dans un foyer pour préparer son personnage.

«Elle a parlé avec les filles et a reproduit ce qu'elle a vu: elles parlent vite, sont excitées puis ont de grands moments d'abattement. Elles boivent beaucoup et mélangent l'alcool avec des médicaments», explique la réalisatrice.

«Julie-Marie Parmentier (Les blessures assassines, Les adieux à la reine) a 10 ans de plus que son personnage. C'est une grande actrice, complètement habitée. Elle est très polie et délicate avec une petite voix, mais, quand la caméra tourne, c'est quelqu'un d'autre», conclut-elle.

No et moi prend l'affiche vendredi prochain.