Les derniers résultats de Research in Motion (RIM) n'ont vraiment rien pour rassurer les actionnaires et les 17 000 employés du fabricant de téléphones BlackBerry. Comme prévu, les ventes et profits ont chuté pour le cinquième trimestre consécutif, mais ce qui inquiète davantage, c'est que rien ne laisse présager un redressement prochain. Pire, l'entreprise a annoncé qu'elle ne formulerait plus aucune prévision pour les prochains trimestres.

Quand une entreprise en vient à avouer son incapacité à fournir une évaluation même approximative de ce qu'elle prévoit réaliser comme ventes ou occuper comme parts de marché, c'est qu'elle vient d'entrer dans l'aléatoire le plus total.

Thorsten Heins, le nouveau PDG de RIM en poste depuis moins de trois mois, a dû faire cette admission hier lorsqu'il a dévoilé les résultats financiers du dernier trimestre de son entreprise.

Le nouveau PDG a aussi annoncé que Jim Balsillie avait démissionné du conseil d'administration de l'entreprise qu'il avait cofondée il y a 20 ans avec Mike Lazaridis. Les deux hommes avaient quitté leur fonction de coprésident en janvier dernier.

De plus, Jim Rowan, président et chef de l'exploitation, a annoncé hier qu'il quittait ses fonctions pour poursuivre de nouveaux défis...

Et pour confirmer que RIM est vraiment entrée de plein front dans une période trouble, Thorsten Heins a indiqué que la société avait entrepris la revue stratégique de toutes les opportunités qui pourraient s'offrir à elle: partenariats, coentreprise, octroi de licences... Il ne manque qu'une pancarte à vendre.

En résumé donc, RIM n'atteint pas ses objectifs financiers ni ceux des analystes qui la suivent, elle ne produira plus d'orientations financières, un de ses fondateurs quitte le conseil et on ouvre la porte à toutes les façons de rehausser sa valeur pour ses actionnaires.

Research in Motion pourrait donc très bien se transformer en Rest in Peace (RIP) au cours des prochains mois.

Des résultats défaillants

RIM a enregistré des ventes de 4,2 milliards de dollars au quatrième trimestre, en baisse de 19% par rapport aux ventes du trimestre précédent et loin des 4,6 milliards que l'entreprise avait fixés comme cible. Pour le trimestre équivalent de l'an dernier, RIM avait réalisé des revenus de 5,6 milliards.

Au chapitre des profits, RIM affiche une perte nette de 125 millions en raison de la dévaluation de certains actifs. Sinon, le bénéfice net aurait été de 418 millions, ou 80 cents par action, comparativement à 934 millions, ou 1,78$ par action, l'an dernier. Comme on le constate, ce n'est pas le pactole et les résultats des deux prochains trimestres risquent de marquer l'accélération de la dégradation des revenus et des profits du fabricant canadien de téléphones intelligents parce que l'entreprise n'a toujours pas de nouveaux produits à offrir à sa clientèle.

Le fameux BlackBerry 10, la prochaine déclinaison de son produit phare, n'est toujours pas prêt à être commercialisé. Le lancement n'est pas prévu - si on peut encore se permettre de prévoir - avant la fin de l'année 2012.

C'est cette incapacité de RIM de se renouveler ou d'arriver avec des produits améliorés dans un marché en continuel changement qui est à la base de tous ses problèmes.

Pendant que ses concurrents Apple et son iPhone et les manufacturiers qui utilisent la plateforme Androïd multiplient les mises à jour et la variété de leurs applications, le BlackBerry stagne avec une technologie qui semble chaque jour un peu plus déficiente ou dépassée.

Lorsqu'il a été nommé, il y a 10 semaines, Thorsten Heins a clairement laissé savoir que sa priorité absolue était de nommer un vice-président marketing qui aurait pour mission de mettre en place une stratégie pour au moins retenir la clientèle de RIM.

Hier, en conférence de presse, le PDG a candidement fait savoir que le travail de recrutement poursuivait son cours et que tout se déroulait correctement.

Voilà exactement le problème central de RIM que le nouveau PDG est en train de perpétuer sans le savoir. Il n'y a plus de sentiment d'urgence chez RIM alors que c'est à l'urgence que carburent tous les acteurs de cette industrie.

Research in Motion (RIM)

4e trimestre de l'exercice 2012

- Revenus de 4,2 milliards US (-25% sur un an)

- Perte de 125 millions US (comparativement à un profit de 934 millions US il y a un an)

- 11,1 millions de BlackBerry vendus (-21% sur un trimestre)