Oubliez l'ombre à paupières violette et la silhouette à la Dracula que le dessin animé a ancrées dans l'imaginaire populaire: dans Mirror Mirror de Tarsem Singh, la belle-mère de Blanche-Neige se présente sous les traits de Julia Roberts et opte pour les couleurs vives. «Miroir, miroir sur le mur, dis-nous qui est la plus méchante!» Rencontre amusante avec une actrice amusée.

Qu'elle soit en compagnie d'une foule de pairs (ils étaient une douzaine à ses côtés pour Valentine's Day, de Jennifer Garner à Anne Hathaway en passant par Ashton Kutcher) ou d'une «institution» de la même stature qu'elle comme Tom Hanks (pour Larry Crowne), Julia Roberts devient instantanément le centre d'attention des conférences de presse auxquelles elle participe. Les journalistes apprécient son franc-parler - même si certains y voient une manière de regarder la presse de haut.

«La pire chose que j'ai jamais faite? Mentir aux journalistes», a-t-elle ainsi pouffé au début de la rencontre organisée en vue de la sortie de Mirror Mirror de Tarsem Singh (Immortals), où elle incarne la marâtre d'une Blanche-Neige campée par Lily Collins (oui, la fille de Phil et la partenaire de Taylor Lautner dans Abduction). Disons que, dans le domaine du pire, son personnage fait pire.

Triangle amoureux

Destiné à un public familial, inspiré du conte de Grimm, pimenté de goût du jour en ce qui concerne les faits et gestes de l'héroïne, réflexion (pas seulement dans le miroir) sur le pouvoir (l'avoir et le perdre, ne pas l'avoir et se battre pour l'obtenir), sur la différence et sur la beauté, Mirror Mirror utilise les jalons de Blanche-Neige (la pomme, les sept nains, le miroir, le prince charmant) et joue avec eux. Principalement en plaçant le prince (Armie Hammer) entre la sorcière et la jouvencelle. En termes d'âge, il convient aux deux. Il y aura donc triangle plus ou moins amoureux. La marâtre le désirant pour son argent. La jeune fille, pour en faire son allié afin de reprendre le pouvoir; l'amour viendra plus tard.

«Le pitch au téléphone - C'est une nouvelle version de Blanche-Neige - n'a pas attiré mon attention», admet Julia Roberts qui n'a pas d'attachement spécial à cette histoire: «On n'arrête pas de demander quel est mon conte préféré, j'invente à chaque fois, mais là, ça suffit.» C'est parce qu'elle aime le travail de Tarsem Singh, véritable génie dans la conception visuelle de ses films, qu'elle a accepté d'aller luncher avec lui. «Une heure en sa compagnie, peu importe le résultat, ça ne pouvait pas être une perte de temps.»

Elle a aimé sa vision, elle a aimé le scénario, elle a accepté le rôle. «Même si cela vous surprendra peut-être, la marâtre ne vit pas en moi. Mais autour de moi, j'ai trouvé plusieurs personnes de qui m'inspirer... plus que je ne le souhaiterais», poursuit celle qui a adoré l'expérience de jouer telle vilaine puisque «je n'avais pas à me demander si une vraie personne ferait cela. J'ai trouvé un ton et l'important, pour moi, a été de conserver cette syntaxe du début à la fin du film.»

La maman de tous

Mais ce ton, cette syntaxe, elle les laissait tomber dès que s'élevait le «Coupez!» du réalisateur. «C'était hallucinant à voir et à vivre. Nous tournions une scène où, par exemple, elle me bousculait et, dès que c'était fini, elle redevenait elle-même et s'inquiétait à savoir si elle ne m'avait pas fait mal. Julia, c'est avant tout une mère. Pour ses enfants, qui étaient souvent sur le plateau. Mais aussi pour tout le monde. Elle nous traitait tous - les autres acteurs, les figurants, les techniciens, les responsables de la nourriture - de la même manière. C'est-à-dire très bien», indique Lily Collins.

La jeune comédienne, aussi rencontrée à Montréal pendant le tournage du film, disait alors - en l'absence de la principale intéressée - combien elle avait été impressionnée par le professionnalisme et le savoir de son aînée: «Elle arrive et, en une seconde, elle prend le contrôle de son personnage et de tout le reste. Elle connaît les angles, la lumière. Elle comprend la scène dans son ensemble. C'est fascinant à observer.»

Le poids de l'expérience, quoi. Que Julia Roberts porte avec la grâce... d'une reine.

Mirror Mirror (Miroir Miroir) prend l'affiche le 30 mars

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.