Frédéric Back, grandeur nature

De Phil Comeau (Canada), 78 min.

Il aura bientôt 87 ans et il travaille encore, malgré la maladie. Étonnante, cette image d'ouverture du documentaire où Frédérick Back ajuste les blancs d'un immense dessin de chutes d'eau. Ce prince de l'animation doublement oscarisé, connu dans le monde entier pour L'homme qui plantait des arbres, est encore et toujours vénéré par ses pairs. Impressionnant d'entendre John Lasseter, chef de la création chez Pixar et aux studios Walt Disney, déclarer que ce film est pour lui «la plus grande oeuvre jamais produite». Les éloges pleuvent de partout dans ce documentaire qui rend hommage à ce Montréalais d'origine alsacienne touché par la grâce du dessin et le sens de l'humain. On y voit l'accueil princier que lui a réservé le Japon l'an dernier pour une rétrospective de son travail. Le film relate le chemin qu'il a accompli depuis son dessin, à l'âge de 2 ans, d'un personnage fumant une pipe. On voyage de Strasbourg à Montréal, en passant par Paris et la Bretagne, avec des personnes qui l'ont connu et des paysages qu'il a peints. Il évoque ce professeur d'art qui a marqué sa vie, le peintre Mathurin Méheut, et comment la Seconde Guerre mondiale a provoqué en lui une prise de conscience en faveur de la paix et de l'environnement. On découvre sa femme depuis 1949, Ghylaine Paquin-Back, ses trois enfants, ses années à Radio-Canada, ses premiers films d'animation, son engagement social. Jusqu'à une gloire bien méritée après une vie de passion et de travail acharné. Un très beau film pour un grand homme. Éric Clément Demain, 18h, à la Cinémathèque québécoise

Philip Roth, sans complexe

De William Karel et Livia Manera, 52 min.

Un long entretien avec l'un des géants de la littérature américaine, qui n'accorde pas beaucoup d'entrevues, c'est un cadeau. Limpide, Philip Roth raconte ici son parcours, comment il a dû s'adapter à la célébrité - tout le monde le prenait pour Portnoy, donc un obsédé sexuel, pour ne pas dire un détraqué -, ses influences, ses doutes, ses angoisses, ses obsessions. Pince-sans-rire, il explique qu'il est «comme tout le monde, il a des inhibitions», mais que ses doubles littéraires sont un masque derrière lequel il est libre... Un must pour ses lecteurs. Chantal Guy Aujourd'hui, 13h, à la Grande Bibliothèque

Romain Gary, le roman du double

De Philippe Kohly, 89 min.

Très beau documentaire sur l'écrivain qui aura élaboré le canular littéraire du siècle. Mais c'était plus qu'un jeu pour Gary, comme ce documentaire veut le démontrer. On remonte aux sources de l'enfance pour expliquer cette tendance à la mystification et ce penchant pour les personnalités multiples, qui mèneront Gary à se dissoudre dans son identité. Il aura tout de même infligé une leçon cuisante au milieu littéraire qui le croyait fini en remportant deux fois le Goncourt. On laisse beaucoup la parole à Paul Pavlowitch, le petit cousin qui a prêté son visage à Ajar pendant des années, et qui aujourd'hui raconte cette aventure rocambolesque à coeur ouvert. Chantal Guy

Ce soir, 18h, à la Grande Bibliothèque