Il aura fallu 10 ans à Martin Villeneuve pour mettre sur pieds Mars et Avril, son premier long métrage dans lequel on retrouve notamment Jacques Languirand, Robert Lepage, Paul Ahmarani et Caroline Dhavernas. Le film montrera, entre autres, un Montréal du futur dans une vision inspirée de la BD.

Si le cinéaste a pu compter sur le soutient inconditionnel de Robert Lepage en tant que producteur, conseiller et acteur, il a également été soutenu par le bédéiste belge François Schuiten, à qui l'on doit la populaire série Les cités obscures, afin d'assurer la conception visuelle du film.

«En 2007, quand on m'a demandé de quoi le film aurait l'air, j'ai tout de suite sorti les albums des Cités obscures. Quand j'ai dit que je voulais travailler avec M. Schuiten, mes collaborateurs m'ont dit qu'il n'accepterait jamais. On m'avait dit la même chose pour Robert Lepage, alors je lui ai envoyé les livres dont est inspiré le film comme une bouteille à la mer et j'ai eu la joie de recevoir un courriel dans lequel il m'invitait à le rencontrer», explique Martin Villeneuve.

François Schuiten a donc accepté d'imaginer l'univers de Mars et Avril et de penser le Montréal du futur, une ville dans laquelle Jacob Obus (Jacques Languirand), septuagénaire adulé de tous, tire une musique envoûtante des instruments inspirés du corps des femmes, conçus par Arthur (Paul Ahmarani). Les deux hommes s'éprendront d'Avril (Caroline Dhavernas), une jeune photographe. Après avoir fait l'amour pour la première fois de sa vie, Jacob partira sur la planète Mars, en quête de sa muse. Le père d'Arthur, Eugène Spaak (Robert Lepage), inventeur et cosmologue, viendra en aide à son fils pour qu'il retrouve Avril.

De passage en ville afin de finaliser avec Martin Villeneuve les derniers détails du film qui sortira sur les écrans à l'automne 2012, mais qui devrait faire la tournée des festivals dès le printemps, François Schuiten n'en est pas à sa première expérience au grand écran puisqu'il a également signé la conception visuelle de The Golden Compass et de Mr Nobody.

Pour Mars et Avril, il s'est laissé guider par la vision de Martin Villeneuve, mais aussi par le fruit de mois de recherche effectuée par celui-ci à travers les utopies architecturales de Montréal, mais aussi certains projets concrets du passé.

«Expo 67 a nourri certaines idées du film. Par exemple, dans le film, la Biosphère se retrouve au sommet d'une tour. On a découvert en faisant des recherches que c'était un vrai projet qui avait été soumis à l'époque! Dans le scénario, il y a aussi un ghetto d'artistes, une sorte de Mile End décuplé des milliers de fois, imaginé en petits blocs et cubes sur le modèle d'Habitat 67. Les gens qui verront le film reconnaîtront bien Montréal!», précise Martin Villeneuve.

François Schuiten et Martin Villeneuve donneront une conférence dans le cadre du 39e Festival d'Angoulême à la fin janvier 2012 sur le rapport entre BD et cinéma. Le bédéiste belge finalise actuellement un nouvel album intitulé Douce, qui sortira en avril prochain.