En entrevue avec La Presse lors de son passage à Montréal, le scénariste et réalisateur de The Artist, Michel Hazanavicius, n'a pas été avare de mots pour exprimer son bonheur et sa fierté devant le succès international de son film muet en noir et blanc.

«C'était un fantasme. C'est peu intellectuel, mais sensuel comme démarche et surtout le moyen le plus pur de raconter une histoire pour un réalisateur. J'ai fait la tournée des festivals avec The Artist et j'ai rencontré de très grands cinéastes qui m'ont dit qu'ils étaient jaloux!», s'exclame-t-il.

À l'ère du 3D, The Artist est un film à contre-courant qui a fait peur à plus d'un producteur et d'un acteur.

«Quand j'avais des doutes, je regardais soit L'Aurore de Murnau ou City Lights de Chaplin et ça me confirmait qu'il y a encore une place pour ce genre de film. The Artist est une projection du fantasme que je peux avoir de Bérénice et de Jean en tant qu'acteurs. Bérénice a fait le travail d'immersion en même temps que moi. Jean est venu un peu plus tard. Il a adoré le scénario, mais il a eu un peu peur. Je lui ai montré quelques films muets et il m'a fait confiance», explique Michel Hazanavicius, qui a pu compter sur le soutien inconditionnel du producteur Thomas Langmann (Astérix aux Jeux olympiques).

Avec The Artist, le cinéaste rend hommage à l'âge d'or du cinéma hollywoodien, mais il a surtout voulu offrir au public un film authentique, laissant place aux émotions.

Simplicité volontaire

«Tout ça est mis dans la logique de faire une histoire très simple. Ce n'est pas un film pour étudiants en cinéma. Je voulais qu'il ait cet aspect de classique hollywoodien, mais toujours dans l'idée que, pour le public, ça soit le plus simple possible. Le plus beau compliment m'a été fait par John Goodman, qui m'a dit: Regarder ce film c'est comme regarder une belle montre, c'est très beau, c'est tout simple, ça donne l'heure, mais l'intérieur et le mécanisme sont affreusement compliqués! «, s'amuse-t-il encore.

«Je voulais respecter l'esprit de l'époque. Il n'y a pas de baisers dans le film, les scènes d'amour sont des scènes de danse, comme dans les films de Fred Astaire», poursuit-il.

Un film entièrement tourné à Hollywood, dans lequel on retrouve aussi de grands noms du cinéma américain comme John Goodman et James Cromwell. «Je leur ai envoyé le scénario et ils ont demandé à me rencontrer. C'est plutôt moi qui ai passé l'audition!», dit-il.

Une distribution de haut calibre qui compte également une covedette à quatre pattes, Uggie, le Jack Russel grand complice de George Valentine. Une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux (#consideruggie) aux États-Unis afin que le petit chien reçoive un Oscar en février prochain!

«Le chien est l'un des personnages principaux du film et je ne m'en étais pas rendu compte au début. Il rend le personnage égoïste et égocentrique de George Valentine sympathique au public», explique le réalisateur.

Michel Hazanavicius vient de terminer le tournage de Les Infidèles, un film sur l'infidélité au masculin dans lequel on retrouve entre autres Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Guillaume Canet, Alexandra Lamy, Sandrine Kiberlain et Mathilda May.