J. Edgar Hoover a été l'un des hommes les plus puissants des États-Unis. Clint Eastwood et Leonardo DiCaprio ont uni leurs talents pour raconter, dans le film J. Edgar, en salle demain, l'ascension et la chute du fondateur du FBI.

Il y a les acteurs. Il y a les vedettes. Les seconds sont beaucoup plus rares que les premiers. Quand une de ces étoiles pénètre dans une pièce, l'atmosphère se modifie de façon perceptible. Imaginez quand elles sont deux. Le vétéran et l'ex-jeune premier à la réputation maintenant bien assise: Clint Eastwood et Leonardo DiCaprio. Le premier, réalisateur de J. Edgar, l'autre incarnant, de la vingtaine à l'âge de 77 ans, l'homme qui a fondé le FBI.

Pour aider l'acteur dans sa transformation physique, un grand travail de recherche, de répétition et de cinq à sept heures de maquillage avant de commencer la journée de tournage. «Le défi, pour moi, n'était pas seulement de jouer avec ces prothèses sur le visage et ces rembourrures sur le corps. C'était aussi de bouger, de parler comme un homme plus vieux, d'agir comme quelqu'un qui a 50 ans d'expérience là où il travaille, et qui traite Robert Kennedy comme s'il était un jeunot qui ne sait pas de quoi il parle «, explique Leonardo DiCaprio à La Presse.

«Le fait d'avoir un réalisateur de 81 ans a sûrement aidé», ajoute à la blague Clint Eastwood.

Dans un premier temps, les deux hommes ont été séduits par le scénario de Dustin Lance Black (Milk). Un scénario qui s'attarde sur les motivations qui ont poussé J. Edgar Hoover à demeurer pendant près d'un demi-siècle à la tête du FBI, et sur ses relations avec sa mère (Judi Dench), sa secrétaire Helen Gandy (Naomi Watts) et son bras droit et compagnon, Clyde Tolson (Armie Hammer).

Les deux derniers, comme Hoover, ont consacré toute leur vie à leur travail.

«Nous, les acteurs, sommes absolument fascinés par ces gens qui ont tout donné pour leur pays, au détriment de leur vie personnelle. Le FBI était leur Église», indique Leonardo DiCaprio, qui admet avoir de la difficulté à comprendre ce type de sacrifice total, mais qui a adoré se glisser dans la peau de cet homme « dont l'erreur a été de rester au pouvoir trop longtemps».

«Il est devenu un dinosaure politique qui n'a pas su s'adapter aux changements qui ont transformé le pays», ajoute-t-il.

Les États-Unis ont gagné en sécurité grâce à lui: en le suivant dans des cas comme l'enlèvement du bébé Lindberg, J. Edgar raconte comment Hoover a été le catalyseur de la criminalistique moderne et a créé un système de lois fédérales qui ont transformé les États-Unis; mais aussi comment il a cultivé l'art du secret et de la collecte d'informations, et pourquoi le communisme était, à ses yeux, un courant diabolique.

Allers-retours

Le film raconte cela de manière non linéaire, faisant des allers-retours entre la jeunesse et la vieillesse de Hoover.

«C'était, je crois, le meilleur moyen de montrer comment il a changé. Par exemple, quand on le voit s'adresser aux présidents, nous avons pour ainsi dire tourné la même scène. Lui, jeune, face à Roosevelt. Lui, plus âgé, face à Nixon. Vous regardez ces deux scènes et vous voyez un changement radical», explique Clint Eastwood dont la réputation est celle d'un réalisateur qui ne tourne qu'une prise.

Quand on l'évoque, il sourit: «C'est une formidable réputation à avoir, même si c'est dur d'être à la hauteur. En fait, je tourne le nombre de prises qu'il faut pour obtenir ce dont j'ai besoin. Mais oui, je préfère tout avoir du premier coup», admet-il.

Clint Eastwood pourrait retourner prochainement devant les caméras même s'il tente de rester derrière depuis ses débuts à la réalisation, en 1970; et qui, à 81 ans, assure n'éprouver aucun problème à vieillir.

«J'ai l'impression que je fais certaines choses mieux qu'avant, dit-il. Et d'autres, peut-être un peu moins bien.»

«D'un point de vue extérieur, ce qu'il fait est incroyable, assure Leonardo DiCaprio. S'il n'est pas en train de réaliser un film, il en compose la musique ou il joue dans un autre. Son degré d'engagement dans ses projets est prodigieux et nous pouvons tous en témoigner. Il est extraordinaire.»

J. Edgar prend l'affiche vendredi. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.