Le Festival du nouveau cinéma, qui roulera cette année du 12 au 23 octobre, a l'habitude de présenter la crème de la crème des différents festivals du monde, ainsi que des sélections uniques, de son cru.

Je ne sais pas si ce sont ses noces d'émeraude qui lui donnent cet air étincelant, mais, pour son 40e anniversaire, le FNC semble s'être surpassé. Sa programmation, dévoilée mardi, est si riche que l'on ne sait plus où donner de la tête. Les cinéphiles sont fébriles. Et ils ont toutes les raisons de l'être. Le bar est ouvert.

Parmi les titres que j'ai le plus hâte de découvrir, il y a bien sûr le film d'ouverture, La guerre est déclarée de l'actrice et cinéaste Valérie Donzelli (qui participera au prochain long métrage de Denis Côté). Après avoir fait fureur à la Semaine de la critique de Cannes, où il était aussi présenté en ouverture, le film a été choisi par la France pour concourir à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Parmi les autres sélections des sections parallèles de Cannes présentes au FNC, on compte entre autres The Island du Bulgare Kamen Kalev, mettant en vedette Laetitia Casta, Les Géants de Bulli Lanners, Oslo, August 31st de Joachim Trier, Hors Satan de Bruno Dumont et Arrêt en pleine voie d'Andreas Dresen (prix de la sélection officielle d'Un certain Regard).

L'exceptionnel Once Upon A Time in Anatolia de Nuri Bilge Ceylan, Grand Prix du jury à Cannes, sera aussi de la fête. D'une langueur suave et délicieuse, ce film brillant tourné dans la campagne turque compte certainement parmi les plus achevés que j'ai vus cette année.

La peau que j'habite de Pedro Almodovar, snobé par le jury cannois, est du pur Almodovar, constamment entre le drame et la comédie, le burlesque et le suspense, l'excentrique et le sentimental. Un film amusant au possible qui marque les retrouvailles du cinéaste madrilène avec Antonio Banderas, en savant fou de la chirurgie esthétique. Le résultat est jouissif.

Je ne peux en dire autant de L'appolonide de Bertrand Bonello, une vision esthétisante de l'univers des maisons closes parisiennes, qui a pourtant bien des adeptes. Le cinéaste français, qui a habité Montréal, proposera également au FNC De la guerre, un long métrage intrigant mettant en scène des «individus à tête de loup». On reste dans la thématique du Festival.

Un autre film qui risque de diviser les cinéphiles: Melancholia de Lars Von Trier, fable apocalyptique avec Charlotte Gainsbourg, Kirsten Dunst et Kiefer Sutherland, dont on a surtout parlé à Cannes pour les frasques du cinéaste, adepte de blagues de mauvais goût. S'il témoigne encore une fois de l'extraordinaire maîtrise visuelle de Von Trier - le prologue est splendide -, Melancholia m'a donné l'impression que l'enfant terrible du cinéma danois tourne un peu en rond.

Parmi les perles des autres grands festivals, notons la présence au FNC de Faust, du maître russe Alexandre Sokourov, Lion d'or du dernier Festival de Venise, ainsi que de Shame de Steve McQueen, qui a valu le prix d'interprétation de la dernière Mostra à Michael Fassbender. Le premier film de Steve McQueen, Hunger, sur la détention de prisonniers politiques d'Irlande du Nord (avec le même Fassbender), était une oeuvre coup-de-poing, crue et dérangeante. Shame, sur un accro du sexe, annonce les mêmes couleurs.

S'il y a un film que je vous suggère plus que tout autre, c'est Une séparation de l'Iranien Asghar Farhadi, Ours d'or du dernier Festival de Berlin. Véritable phénomène en France, où il a été vu par plus d'un million de spectateurs, ce drame poignant et fin, superbement interprété, est l'un des films les plus prégnants que j'ai vus depuis un moment.

Le FNC présentera d'ailleurs une rétrospective de l'oeuvre d'Asghar Farhadi, dont le film précédent, À propos d'Elly, avait remporté l'Ours d'argent à Berlin en 2009. Une autre rétrospective sera consacrée aux films de l'emblématique cinéaste israélien Amos Gitaï.

Du Festival de Toronto, les dirigeants du Festival du nouveau cinéma ont entre autres repêché From the Sky Down de Davis Guggenheim, fascinant documentaire sur la création, il y a 20 ans, de l'album phare de U2, Achtung Baby; ainsi que Take This Waltz, ambitieux mais décevant second long métrage de Sarah Polley (Away from Her), sur la déliquescence du sentiment amoureux.

La sélection québécoise du FNC nous fera découvrir bien des titres attendus, dont les longs métrages de fiction Nuit #1 d'Anne Émond, Décharge de Benoit Pilon, Roméo Onze d'Ivan Grbovic, Laurentie de Simon Lavoie et Mathieu Denis, ainsi que les documentaires Louis Martin, journaliste de Louis Bélanger, République: un abécédaire populaire d'Hugo Latulippe et Survivre au progrès de Mathieu Roy et Harold Crooks. Sans oublier Monsieur Lazhar, très beau film de Philippe Falardeau, qui clôturera l'événement le 22 octobre.

De quoi se mettre sous la dent.

C'était bien parti

Il y a peu de choses plus décevantes au cinéma qu'un film prometteur qui ne remplit pas ses promesses. C'est le cas d'Ides of March de l'acteur, cinéaste et archétypal sex-symbol George Clooney.

Ce drame politique, à l'affiche vendredi, explore avec beaucoup d'à-propos les arcanes du pouvoir, dans le contexte d'une campagne à l'investiture démocrate en prévision des élections présidentielles américaines. Ryan Gosling interprète le jeune conseiller ambitieux et brillant d'un candidat de gauche idéal: environnementaliste, empathique, idéaliste, engageant, spirituel, sexy (incarné bien sûr par George Clooney).

Mais le «prochain président des États-Unis» est moins idéal qu'il n'y semble au premier coup d'oeil. Comme ce film qui s'enlise à mi-parcours, abandonnant la riche matière brute des jeux de coulisse politiques pour se transformer en thriller aussi conventionnel qu'improbable. C'était pourtant bien parti...

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