Hugh Jackman n'était pas convaincu que Real Steel était un projet pour lui. Le futur, des robots, des combats. Il a lu le scénario et s'est trouvé en présence d'une histoire tenant plus de Rocky que des Transformers. Il a alors accepté le défi que lui lançait le réalisateur Shawn Levy. Conversation avec une star qui a les pieds sur terre et le coeur sur la main.

Hugh Jackman est un gentleman. Ceux qui le rencontrent, même lors de ces interminables et exténuantes journées de presse qui précèdent la sortie d'un film et où les interviews se succèdent à la chaîne, peuvent en témoigner: il vous donne l'impression d'être là pour vous, d'avoir tout son temps (au grand dam de son relationniste). Il écoute les questions, il répond sur un mode qui ne semble pas être «la cassette». Il plaisante aussi. Et il n'est pas avare de son sourire ravageur.

Bref, il est parfait.

À cent lieues du personnage qu'il incarne dans Real Steel, de Shawn Levy (Night at the Museum). Charlie Kenton est, quand on le rencontre dans ce film, un vrai «trouduc». Il boit, il est dans le pétrin, et pas qu'à moitié, il se contrefiche de son fils de 11 ans, dont la mère vient de mourir, qu'il devrait prendre en charge, mais qu'il «vend» à des âmes bien intentionnées.

«Et on n'est qu'à 10 minutes du début du film», sourit Hugh Jackman lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse au Park Hyatt de Toronto. Selon Shawn Levy, l'acteur australien est l'une des rares têtes d'affiche hollywoodiennes à pouvoir pousser le bouchon aussi loin sans perdre le capital de sympathie du public: «Il est tellement aimé que nous pouvions nous permettre cela au début de l'histoire, raconte le réalisateur originaire de Montréal que La Presse a aussi rencontré dans la Ville reine. Et il fallait qu'il soit aussi dur au début parce que Real Steel est l'histoire de trois rédemptions.»

Trois rédemptions, donc. Celle d'un homme, de son fils... et d'un robot. Trois «exclus» de la société futuriste dans laquelle ils vivent - et où les robots ont remplacé les boxeurs sur le ring. L'idée est signée Richard Matheson, qui est l'auteur de la nouvelle qui a inspiré le film. Mais le futur en question est encore assez près de notre présent pour ne pas perdre son réalisme. Et les robots... Ah, les robots! «Ils sont plus comme WALL-E et Iron Giantque comme des Transformers», assure l'acteur.

Comprendre que ce sont des robots qui ont assez de personnalité et de «coeur» pour que l'on s'attache à eux. Quant à l'histoire, elle rappelle davantage celle de Rocky que celle de... bien, des Transformers, encore. L'émotion et l'humain au centre du récit. Pas seulement le bruit et la fureur.

Un rôle de dur

C'est ce qui explique que Hugh Jackman soit de la partie: «Un film situé dans le futur, avec des robots qui boxent, sérieusement, quand j'ai entendu le pitch, j'étais sceptique. Mais j'ai quand même lu le scénario - avec mon fils de 10 ans... et en censurant les passages où le père est trop lourd -, j'ai aimé l'histoire, qui m'a rappelé les histoires que j'aimais quand j'étais enfant. J'ai aussi aimé l'idée de faire partie d'une de ces histoires.»

Et il s'est glissé dans la peau d'un type sur la mauvaise pente. Un type qu'il ne juge pas. Un type comme il en a déjà connus, qui ne sont pas les monstres qu'ils semblent être de l'extérieur: «Je crois que nous pouvons tous devenir des Charlie, dit-il. Nous ne maîtrisons pas les événements qui bousculent notre vie et, si les choses tournent mal à un moment où nous sommes fragiles, cela peut changer qui nous sommes. Nous pouvons nous mettre à blâmer le monde pour ce qui nous arrive, nous fermer à toute émotion parce que ressentir des choses rend vulnérable. Nous pouvons refuser d'aimer parce qu'aimer, c'est aussi la possibilité d'avoir le coeur brisé.»

Dans le grand livre de Hugh Jackman, il en va ainsi de Charlie Kenton. Boxeur aux illusions perdues, qui les retrouve un peu, par procuration, à travers les matchs qu'il «confie» à des robots. Des robots parfois «incarnés» par de véritables robots fabriqués pour les besoins de la production, parfois par des hommes sur échasses, ensuite «métamorphosés» par la magie de l'informatique, parfois par des boxeurs qui avaient enfilé les combinaisons maintenant vertes permettant la captation de mouvements façon Avatar.

Un champion comme conseiller

Pour diriger ces bonshommes verts, c'est Sugar Ray Leonard en personne, qui a chorégraphié les combats. Et a aussi agi comme conseiller auprès de Hugh Jackman. «J'ai déjà fait de la boxe comme entraînement régulier, pour garder la forme, raconte l'acteur. Mais là, être supervisé par un champion du monde, c'était autre chose. Disons que si je n'étais pas convaincant là, je ne pourrai jamais l'être. En plus, il me répétait: Mon nom est sur ce film-là, arrange-toi pour que je paraisse bien.»

Qu'on ne s'inquiète pas, Hugh Jackman est convaincant et il paraît (très) bien. À la fin de Real Steel, on est dans le même état qu'à la fin de Rocky: au bout de notre siège, les poings dans les airs pour accompagner le (s) héros.

Real Steel (Gants d'acier) prend l'affiche le 7 octobre.

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Walt Disney Pictures.

P La semaine prochaine dans nos pages: les Canadiens de Real Steel