L'une des premières apparitions de Max Minghella au grand écran s'est faite dans Syriana, aux côtés de George Clooney. Le fils du défunt réalisateur Anthony Minghella retrouve la mégastar américaine dans le drame politique The Ides of March. Parcours.

«Mon principal défi était d'être invisible», laisse tomber Max Minghella lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse pendant le Festival international du film de Toronto. Et il sourit, détendu, bien calé dans son fauteuil d'une suite du Ritz. Très cool. Une qualité que le jeune homme de 26 ans a veillé à développer pendant son adolescence.

Et c'est parce qu'il ne trouvait pas «cool» de vouloir devenir acteur que le jeune homme a pris assez tard la voie du jeu - même s'il a grandi sur les plateaux dirigés par son père, Anthony Minghella, et s'il a été en contact rapproché avec le cinéma dès son plus jeune âge, car sa mère travaillait pour l'organisme déterminant la cote des films en Grande-Bretagne. Le déclencheur: la pièce This Is Our Youth, vue à Londres où il a grandi. «J'ignorais si je serais bon ou pas, mais je savais que je devais faire ça», poursuit celui que l'on a récemment vu dans The Social Network et qui fait partie de la distribution de The Ides of March, drame politique réalisé par George Clooney - qui y tient la vedette, entouré de Ryan Gosling, Philip Seymour Hoffman et Paul Giamatti.

Les coulisses d'une campagne

Inspiré de la pièce de théâtre de Beau Willimon, qui l'a coscénarisé avec George Clooney et Grant Heslov, le film plonge le spectateur dans les coulisses de la campagne électorale du sénateur Harris (Clooney), qui brigue la présidence aux primaires du Parti démocratique. Autour de lui, des conseillers. Des «hommes de l'ombre» à l'ego (au moins) aussi imposant que celui de leurs patrons, eux, sous les projecteurs. Max Minghella incarne Ben Harpen, l'adjoint du personnage qu'interprète Ryan Gosling.

«J'ai vu la pièce à plusieurs reprises. Elle m'a obsédé dès la première fois, pour les mêmes raisons que celles qui font que j'aime le film aujourd'hui: la langue, les personnages, le sujet. Je me souvenais du rôle de Ben, qui n'est pas un gros rôle, mais qui a son importance. Je me suis donc dit que je devais essayer de l'obtenir - sans me douter que tous les jeunes acteurs allaient avoir le même raisonnement et s'essayer», dit, en riant, Max Minghella qui a fait ses débuts à l'écran dans Bee Season, aux côtés de Richard Gere et Juliette Binoche, avant de jouer dans Syriana, où il a incarné le fils de George Clooney.

Un bonheur que de retrouver la superstar devant la caméra et, cette fois, derrière: «C'est un réalisateur qui sait ce qu'il veut. C'est aussi une personne extrêmement gentille. Bref, c'est vraiment chouette d'être entre les mains de quelqu'un qui a autant de classe et de goût», poursuit le comédien.

Max Minghella est par contre convaincu que leur première expérience commune n'est pas ce qui a amené la star à lui donner un rôle dans son film. Son audition, à laquelle il a travaillé «de manière obsessive» - «J'ai livré chaque version possible du personnage, j'ai étudié la scène sous tous ses angles et j'ai offert la performance qui me semblait la plus à-propos» -, est ce qui a fait la différence.

Une performance sous forme de défi, que celle-là: «Pour moi, le rôle consiste à être invisible. Il n'y a pas une seule scène qui soit à propos de Ben. Il doit être là, il a sa raison d'être, mais, la plupart du temps, il est en présence de deux autres «joueurs» dans des moments intenses et dramatiques. C'était un défi très intéressant», assure Max Minghella qui, s'il ne se voyait pas acteur, a toujours souhaité faire partie de milieu du septième art.

Directeur photo, peut-être. Être derrière la caméra, quoi. Chose qu'il fera probablement un jour, puisqu'il aimerait réaliser - ce qui, dans son cas, signifie aussi écrire: «Je ne me vois pas aux commandes d'un projet qui ne viendrait pas de moi», explique celui qui adore «l'expérience cathartique» de se prendre pour quelqu'un d'autre pendant les semaines que dure un tournage. «J'aime également l'expérience du plateau, former une famille avec des inconnus parce qu'on partage des choses intenses pendant quelques mois, et ne plus jamais les revoir après. C'est un mode de vie très bizarre.» Et très cool, indéniablement.

The Ides of March (Les marches du pouvoir) prend l'affiche le 7 octobre.