Fierté et travail d'équipe: ces mots émaillent les propos de tous les artisans de La Sacrée, première comédie franco-ontarienne à apparaître sur quelques grands écrans vendredi prochain. Mener à terme le long métrage, de l'élaboration du scénario au bouclage du financement (1,2 million), du tournage de 20 jours à la diffusion, au cours des trois dernières années, n'aura pas tant relevé du miracle que de la volonté de tout un chacun de voir le projet devenir réalité.

«La Sacrée a été un bel espace de collaboration, un plateau où tout le monde s'est investi corps, coeur et âme», fait valoir le réalisateur Dominic Desjardins.

«L'esprit d'équipe était si fort que les maquilleuses et les coiffeuses sortaient dehors, au froid, pour nous voir jouer nos scènes, raconte Louison Danis. Quand on se sent appuyés de cette façon-là, quand on sent qu'on fait partie d'une équipe aussi soudée, c'est un événement. Je n'ai pas vu ça souvent, en 43 ans de métier.»

La Sacrée met en scène l'arnaqueur François Labas (Marc Marans). Cherchant à mettre le grappin sur Sophia (Marie Turgeon), une riche héritière issue du milieu des cosmétiques, cet «idéateur» prétendant être capable de vendre ses idées à quiconque n'arrive toutefois pas à convaincre sa belle de le marier.

«Un arnaqueur arnaqué par un village, il y avait là une base pour une belle comédie», lance Dominic Desjardins, qui a collaboré au scénario de l'auteur Daniel Marchildon.

«Pour moi, cependant, La Sacrée se veut fondamentalement l'histoire d'un homme qui reprend contact avec lui-même, enchaîne-t-il. Comme je suis né à Montréal, que j'ai vécu au Nouveau-Brunswick, puis à Paris, avant de m'établir à Toronto, cette question de l'identité m'interpelle beaucoup.»

Louison Danis et l'auteur-compositeur-interprète Damien Robitaille, qui fait ici ses premiers pas au cinéma, ont aimé cette histoire de petit village désireux de renaître.

«Cette image du village qui meurt, que les jeunes quittent, où le français survit tant bien que mal face aux anglophones riches qui rachètent les terres des familles francophones, c'est un peu beaucoup celle de bien des villages de par chez nous, souligne Damien Robitaille.

«Pour les gens de Fort Aimable, la brasserie équivaut aux festivals qui rassemblent les communautés, dans certains coins, en Ontario français: elle redonne un sens d'appartenance.»

Conscient que «le marché québécois n'est pas facile à percer» et que «les salles commerciales sont sans pitié» pour les films ne faisant pas assez de recettes le premier week-end, le producteur Mark Chatel mise sur un mode de distribution alternative à l'extérieur du Québec: projections payantes organisées sur les campus universitaires, dans les centres culturels ou les sous-sols d'églises des communautés francophones. La diffusion de la comédie est aussi prévue sur les ondes de TFO et de Radio-Canada, l'an prochain.

«Il est très difficile de trouver du financement pour de tels projets. On ne peut donc que souhaiter que les gens se rendent compte qu'il est possible de tourner en français en dehors du Québec. Le talent et l'expérience sont là: il faut seulement leur donner les moyens de se développer», ajoute Dominic Desjardins.