Quand est venu le temps de trouver les acteurs qui joueraient la contrepartie jeune des personnages incarnés par Helen Mirren et Ciaran Hinds dans The Debt, John Madden a pensé à deux inconnus: Jessica Chastain et Sam Worthington. Il ignorait que son film sortirait après The Tree of Life et Avatar. Rencontre avec un réalisateur qui a de l'instinct et deux «inconnus» qui ne le sont plus.

L'histoire met en scène trois personnages, mais six acteurs. Trois pour le présent, c'est-à-dire 1997; et trois pour les incarner au milieu des années 60. The Debt, remake du film israélien Ha-Hov, raconte les aventures de trois agents du Mossad. À l'occasion de la publication d'un livre relatant la mission historique à laquelle ils ont oeuvré de concert, ils regardent vers le passé. Nous invitant à ce voyage.

Pour les incarner à l'âge mûr, Helen Mirren, Ciaran Hinds et Tom Wilkinson sont devenus Rachel, David et Stephan. Trente ans plus tôt, ils «étaient» Jessica Chastain, Sam Worthington et Marton Csokas. À l'époque, ils avaient traqué et arrêté «le boucher de Birkenau». Ils étaient très jeunes, ils avaient réalisé l'impossible. Ils étaient devenus des héros. C'est ce que dit l'Histoire. L'histoire, la leur, est différente.

«Pour moi, ce n'est pas un simple film de vengeance ni un autre film sur les répercussions de l'Holocauste, a indiqué John Madden en rencontre de presse. C'est un thriller dans la lignée de ceux des années 70, alors que le genre n'avait pas été amputé de l'aspect psychologique des personnages. «

Les enjeux émotifs et moraux de The Debt sont en effet très élevés. Le défi du réalisateur était d'équilibrer cela et l'action. Il a fallu pour cela qu'il trouve «ses» acteurs. Le choix d'Helen Mirren, avec qui il avait travaillé pour la série Prime Suspect, s'est imposé à lui pour incarner Rachel en mode présent. Il lui fallait ensuite dénicher sa contrepartie «jeune». «Je voulais une inconnue, pour que le passage de l'une à l'autre soit plus aisé pour le spectateur.» Quelqu'un lui avait parlé de Jessica Chastain. Elle avait travaillé avec Terrence Malick sur ce film mystérieux qui n'était pas encore prêt, The Tree of Life. «Terry et moi nous étions rencontrés aux Oscars alors qu'il était en nomination pour The Thin Red Line et moi, pour Shakespeare in Love. Je l'ai appelé; il n'avait que du bien à me dire de Jessica.»

L'actrice avait déjà manifesté son intérêt pour le rôle. «J'étais déprimée après le tournage de The Tree of Life. Les trois garçons avaient retrouvé leur mère et moi, j'avais perdu mes trois fils. Pour me changer les idées, j'ai décidé d'aller à Paris et de prendre des cours de français. Mais avant, je suis passée par Londres où j'ai lu ce scénario. Je l'ai tellement aimé! Je me suis battue comme une lionne pour avoir le rôle de Rachel.» À sa première audition, elle avait fourbi ses arguments. Les sérieux comme les plus... anecdotiques. «Je leur ai même dit: Helen Mirren mesure 1m65, je mesure 1m65! Que voulez-vous de plus?» rigole-t-elle.

Convaincre Sam Worthington

Pour ce qui est du David des années 60, John Madden a pensé à ce jeune acteur qui l'avait impressionné dans le film australien Somersault. «Il possède cette qualité rare d'être très masculin et d'afficher la présence d'un héros tout en dégageant une fragilité émotive», explique le réalisateur qui avait besoin de ces éléments pour camper cette «bombe à retardement» qu'est le jeune David.

À ce moment-là, Sam Worthington tournait Terminator Salvation à Albuquerque. John Madden est allé le rencontrer. Et l'a conquis. «C'est un formidable conteur», sourit Sam Worthington qui, aux rencontres de presse, affichait barbe et cheveux longs pour le tournage de Drift: «C'est mon look Zach Galifianakis», sourit-il.

Bref, il a accepté immédiatement d'incarner David. Parce qu'il avait été happé par le thème du film - «Plus qu'autre chose, il y est question des répercussions de vos actions» - et par la complexité du personnage: «David a perdu toute sa famille dans l'Holocauste et il s'interroge sur sa propre valeur. C'est un agent efficace, un idéaliste. Et il sent le poids d'une nation sur ses épaules.»

Enfin, pour Jessica Chastain et lui, il y avait la possibilité de travailler avec tous ces vétérans formés au théâtre, comme eux. Ce n'est pas un détail lorsque vient le moment de mettre chair et sang, psychologie et nuances à un personnage. Il y a de cela, de tout cela, dans The Debt. C'est aussi ce qui en fait plus qu'un thriller parmi d'autres.

The Debt (L'affaire Rachel Singer) prend l'affiche le 31 août. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.