Même dévasté, même dénudé, démoli, pillé et abandonné, le palais de l'ancien dictateur Mobutu à N'Sele a quelque chose de terrifiant.

Construit sur le modèle de la Cité interdite de Pékin, le palais servait de résidence de week-end au dictateur qui y organisait de grandes fêtes. Aujourd'hui, tout y est défoncé, pillé. Il ne reste plus rien si ce n'est quelques carreaux de verre non encore brisés. Mais les signes du faste ambiant sont encore nombreux.

À l'arrière du palais, un bassin grouillait de crocodiles. Mobutu, y faisait jeter les opposants à son régime. C'est dans le bassin maudit que l'équipe du film Rebelle a installé son plateau de tournage durant quelques jours. Il s'agissait du camp de Grand tigre royal, le chef des rebelles.

«Nous avons eu des frissons en voyant le décor créé ici, souligne Pierre Magny, assistant-réalisateur à la longue feuille de route (il assistait Gilles Carles sur Les Plouffe). Le palais de N'Sele est unique en Afrique et la direction artistique en a fait une ruine encore plus dévastée. Avec la centaine de figurants, jouant des enfants-soldats, regroupés autour du feu, ça donnait un effet glauque, des images très fortes.»

Au moment de notre passage, il restait plusieurs traces des décors installés par l'équipe technique: fils barbelés, pneus, feux de camp et même la carcasse taguée d'un petit autobus.

Le palais est construit tout en longueur, les ailes faisant un seul étage. Au centre, une coupole avec, à l'étage supérieur, le lit du dictateur. De ce point de vue, le regard porte loin, tant sur le fleuve que la campagne ambiante. Un vent doux souffle depuis les rives du Congo. Dans l'air, seul le silence est brisé par le chant de quelques oiseaux et le cri sporadique d'un coq. Un garde armé, embauché par la production, veille silencieusement sur les lieux. Même s'il s'ennuie en silence, il ne bronche pas à notre arrivée. Partout où nous allons, il nous accompagne, toujours en retrait, sa mitraillette en bandoulière.