Dans un univers fantastique, cinq filles légères et court vêtues s'attaquent à des samouraïs, à des orques et quoi encore! Leur vraie vie, par contre, se trouve entre les murs d'un asile. Heureusement, les héroïnes de Sucker Punch peuvent compter sur l'imagination de Zack Snyder pour les faire s'évader. Rencontres.

Vers la fin des années 90, Zack Snyder a relu un scénario qu'il avait écrit trois ou quatre ans plus tôt. Il l'admettait à l'époque et l'admet encore aujourd'hui: tout y était mauvais à l'exception d'une idée - une jeune fille était forcée de danser et, à travers cette danse, parvenait à s'évader de sa sordide réalité.

«C'est l'origine de Sucker Punch, la danse étant un genre de rampe de lancement vers la fantasy», a expliqué le réalisateur de 300 et de Watchmen lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles. Ainsi a-t-il, en compagnie de son ami Steve Shibuya, écrit l'histoire de Babydoll (Emily Browning), adolescente d'apparence fragile, agressée par son beau-père qui manigance pour la faire enfermer dans un asile.

«À cause de ce qui lui est arrivé, Babydoll associe sa sexualité naissante au fait d'être devenue un objet. C'est pour cela qu'en arrivant à l'asile, en proie à la terreur que lui inspire l'endroit, elle transforme les lieux en un bordel - représentation de ses craintes concernant les rapports sexuels», raconte Emily Browning.

Parmi les peurs de la jeune fille, aussi, quelque chose de «pire que la mort», dit Zack Snyder: «Je me souviendrai toujours de ce moment, dans Planet of the Apes, où le personnage incarné par Charlton Heston se rend compte que son copain a été lobotomisé et crie: «Ils lui ont pris son cerveau!» C'est une des menaces qui pèsent, vraiment, sur Babydoll.»

D'où sa volonté de s'évader. Pour cela, elle aura besoin d'aide. Celle de Sweet Pea (Abbie Cornish), Rocket (Jena Malone), Blondie (Vanessa Hudgens) et Amber (Jamie Chung), avec qui elle pénétrera dans le monde imaginaire (un autre) qui s'ouvre à elle et à ses compagnes quand elle danse. Une quête les attend là, au bordel comme de l'autre côté de ce «miroir» où les épreuves se déroulent dans une orgie de décors et de personnages plus fantastiques les uns que les autres.

Girl power sur fond de musique

Sucker Punch conjugue ainsi ce que l'humain peut avoir de plus infâme à une aventure où les filles bottent des culs et ne s'en laissent imposer par personne. Du girl power sur fond de drame, de violence. Et de musique.

Parce que la musique occupe toujours une place de choix dans le travail de Zack Snyder. Mais là où Watchmen invitait carrément les Jimi Hendrix, Leonard Cohen, Janis Joplin et autres Billie Holiday à souligner ses grands moments, Sucker Punch laisse place à des réinterprétations - quelques-unes, par les membres de la distribution du film - de chansons que l'on a connues grâce à Annie Lennox, Björk, Iggy Pop, etc.

Prendre les versions originales de Hallelujah, All Along the Watchtower ou The Times They Are A-Changin' «était faisable pour Watchmen, un récit culte mettant en scène des personnages qui sont des icônes. Sucker Punch est l'histoire imaginée par Zack, il ne voulait pas que les pièces musicales soient plus «grandes» que son intrigue, et une possible distraction pour le public», explique Tyler Bates, qui a composé, arrangé et produit la musique du film en compagnie de Marius de Vries.

Et Emily Browning d'interpréter Sweet Dreams (Are Made of This) de The Eurythmics et Asleep de The Smiths, qui est son groupe préféré. «J'étais terrifiée à l'idée de chanter ça, mais je ne pouvais pas dire non, c'était trop cool», note celle que l'on a découverte en Violet dans Lemony Snicket's A Series of Unfortunate Events. De toute manière, Zack Snyder y tenait, lui qui a construit ce film «brique par brique» et qui, aujourd'hui, trouve difficile d'avoir du recul: «J'en connais toutes les couches et quand je le regarde, si nous étions dans The Matrix, je vous dirais que je n'en vois que le code».

Ce, dès le titre. Sucker Punch. Auquel il donne deux significations: «Il y a un mécanisme, dans le film, dont on a planté le germe au début et qui revient à la fin, comme un punch. Mais il y a aussi le fait que le public, au départ, se fait une fausse idée de Babydoll: elle semble innocente et douce, mais elle est en fait forte et capable de choses étonnantes.» Autre punch, donc. Et disons que les deux ont, chacun à leur façon, tout un... punch.

Sucker Punch (Sucker Punch) prend l'affiche vendredi.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.