Les investisseurs tentaient d'évaluer hier l'intérêt pour Google de mettre au point un téléphone portable en propre, qui serait commercialisé sans partenariat avec un exploitant téléphonique, ce qui aux États-Unis est rarissime.

Le groupe californien, plus habitué à tester des programmes que du matériel, a annoncé samedi qu'il avait envoyé des prototypes d'un nouvel appareil à plusieurs employés dans le monde pour le tester.«C'est un appareil qui allie un équipement innovant produit par un partenaire, avec des programmes sous Android, pour expérimenter de nouvelles possibilités portables», a expliqué un responsable du groupe, Mario Queiroz, sur un des blogues officiels de Google.

La veille, des employés de Google avaient annoncé sur le site de microblogues Twitter: «Le nouveau Google phone, il est super beau.»

Selon divers articles de presse, le prototype, baptisé Nexus One, serait fabriqué par le Taiwanais HTC et fonctionnerait sous Android, le système d'exploitation pour téléphones portables lancé l'an dernier par Google, qui équipe un nombre croissant de téléphones multifonctions.

Justin Post, analyste de Bank of America Merrill Lynch, jugeait hier que l'entrée de Google directement sur le marché des téléphones multifonctions montrerait que «Google veut éviter de partager les recettes de l'internet mobile avec des exploitants et des fabricants - au risque de se les mettre à dos».

Parmi les autres risques relevés par les analystes financiers, le coût financier que Google devrait assumer, dans la mesure où actuellement les exploitants américains assument à peu près 300$US du prix d'achat d'un smartphone en échange d'un forfait coûteux de longue durée.

«Google pourrait devoir faire une croix sur 250$US pour vendre efficacement un appareil à 450$US», estimait l'analyste David Barden, également chez Bank of America Merrill Lynch.

«Si Google essaie de couvrir ce coût avec des recettes publicitaires sur des applications, les clients pourront choisir des forfaits au mois chez les exploitants», expliquait-il.

Enfin, un tel développement ouvrirait un nouveau front dans la guerre commerciale entre Google et Apple, roi des téléphones multifonctions avec l'iPhone.