L'iPhone peut aussi devenir un instrument de musique, comme l'ont montré des chercheurs de l'université de Stanford (Californie), qui ont donné récemment un «concert» avec pour seul accessoire le téléphone portable branché d'Apple.

Cinq musiciens vêtus de noir entrent en scène. Dans chaque main, ils tiennent un iPhone. De petites enceintes rondes sont scotchées au dos de leur main pour amplifier le son de leur «instrument».

La salle de spectacle du Center for Computer Research in Music and Acoustics (CCRMA, centre de recherche informatique sur la musique et l'acoustique) de Stanford a résonné jeudi de sons envoûtants et hypnotiques, devant 150 spectateurs venus écouter le premier concert officiel du «Mobile Phone Orchestra».

Les musiciens agitent les mains, font des moulinets. Ils pressent leurs deux iPhone face à face. Ils passent le doigt sur l'écran ou pointent leur appareil vers un autre membre du groupe. Ils se déplacent dans la salle et se glissent entre les spectateurs.

Ils utilisent le micro et l'écran tactile de leurs téléphones Apple, équipés de logiciels spéciaux pour en tirer des sons rappelant tantôt des flûtes, tantôt des tambours. Le plus souvent, le son qui sort des téléphones ne ressemble à rien de familier.

«L'idée est d'utiliser quelque chose d'aussi omniprésent et mobile qu'un téléphone pour trouver de nouvelles façons de faire de la musique», explique Ge Wang, un professeur de musique de Stanford qui a fondé cet orchestre de nouvelle génération. Il est convaincu que les téléphones portables sont une formidable plateforme de créativité pour tous, artistes ou non.

Ge Wang avait déjà fondé le Stanford Laptop Orchestra, qui utilise des ordinateurs portables comme instruments de musique.

Mais «avec les ordinateurs portables, on ne peut pas bouger. C'est comme un véritable orchestre», explique Turner Kirk, un des concertistes. Avec les iPhones, «nous sommes mobiles. Le son est plus délicat et plus intime».

Au fil du concert d'une heure, le groupe interprète neuf morceaux, principalement composés par Ge Wang et d'autres membres du groupe qui sont pour la plupart des doctorants.

«Mo So(und) Bo(unce)» est un morceau ludique dans lequel les musiciens font passer d'un téléphone à l'autre une balle virtuelle dont les rebonds forment la base de la musique.

Pendant «Touch Pattern», les sons obtenus sont projetés sur un écran sous forme de carrés de couleur.

«J'ai bien aimé quand ils se passaient les sons entre eux», réagit Mark Zabaro, un des spectateurs. «C'est intéressant d'explorer ce que l'iPhone peut faire».

Mark Applebaum, professeur de musique à Stanford, est venu après avoir entendu une de ses compositions.

«Des musiciens viennent toutes les semaines interpréter mon morceau avec des violons, des flûtes, des trombones, des synthétiseurs. Avec cet orchestre (d'iPhones), c'est tout neuf. Il y a une grande souplesse».

Les possibilités du téléphone d'Apple ont aussi été explorées par des artistes graphiques. En mai et en novembre, l'hebodmadaire New Yorker a choisi pour couvertures des tableaux de Jorge Colombo tout entiers réalisés au doigt sur un écran d'iPhone, avec l'application Brushes.

Ge Wang est connu pour avoir fondé la société Sonic Mule, dont l'application Ocarina a déjà été téléchargée plus de 600 000 fois: elle transforme l'iPhone en instrument à vent et permet d'écouter les créations musicales d'autres utilisateurs connectés à l'internet dans le monde.