Téléphoner pourrait presque devenir une fonction accessoire du mobile: désormais ses adeptes l'utilisent pleinement comme appareil photo ou baladeur musical et inventent même des usages inattendus, comme celui de lampe poche, révèle une étude de TNS Sofres publiée jeudi.

Selon cette étude, réalisée pour la cinquième année pour le compte de l'Association française des Opérateurs mobiles (Afom), 79% de la population possède un mobile, un chiffre identique à l'an dernier.S'ils ont très vite pris leur téléphone pour regarder l'heure ou comme réveil, les Français ont mis plus de temps à exploiter toutes les prouesses de leur appareil. En 2006 ils n'étaient que 45% à prendre des photos avec. En 2009 ils sont 62%.

Ceux qui s'en servent pour filmer sont également plus nombreux, passant de 19% en 2006 à 31% aujourd'hui.

Ils sont 30% à y écouter de la musique (deux fois plus qu'en 2006), 23% à jouer à des jeux (seul chiffre en baisse, contre 28% en 2006), et grâce aux forfaits illimités, un sur quatre (23%) y surfe sur internet.

Parmi les usages moins répandus, 7% se connectent via leur téléphone à des réseaux communautaires comme Facebook et 4% y regardent la télévision.

Plus surprenant, quatre utilisateurs de mobile sur dix (41%) s'en servent comme lampe de poche grâce à la lumière de l'écran.

«On a détourné le mobile de sa fonction première», estime l'auteur de l'étude, Laurence Bedeau, qui souligne que, contrairement aux fonctions photo ou vidéo, cet usage «a été inventé par les personnes équipées d'un mobile et non par les fabricants ou les opérateurs».

À tel point que des développeurs, inspirés par cette tendance, ont créé une application «lampe de poche» pour l'iPhone, montrant une ampoule de différentes couleurs.

Au coeur de ce phénomène, l'explosion des mobiles multimédias (smart phones), dont l'iPhone est un emblème, qui permettent de tout faire ou presque avec un écran plus grand, souvent tactile, et des applications faciles à utiliser.

Cette déferlante est un phénomène récent. Dans son étude de 2008, TNS Sofres n'en avait pas mesuré le taux d'équipement, ne le jugeant pas assez significatif.

C'est chose faite cette année, et l'on constate que près d'un propriétaire de mobile sur dix (9%) possède un smart phone, tandis que 60% ont au moins un modèle permettant de prendre des photos ou d'écouter de la musique.

Seuls 37% des utilisateurs avouent avoir un téléphone qui n'a que les fonctions de base (appeler, envoyer des SMS).

L'équipement diffère selon les générations, 50% des 40 ans et plus n'ayant qu'un modèle basique alors que 70% des 12-24 ans en ont un avec les fonctions photo ou musique.

De même les hommes sont plus nombreux (13%) à posséder un smart phone que les femmes (5%).

Par rapport aux utilisateurs d'autres mobiles, ceux qui ont un smart phone ont plus tendance à le trouver ludique, joli ou à lui accorder une grande valeur affective, constate TNS Sofres.

"Le smart phone pourrait enclencher un réenchantement du mobile, car il suscite une relation plus riche, qui va au-delà de la joignabilité et de la communication", pense Laurence Bedeau.

Une relation proche de celle qu'ont les adolescents avec leur téléphone, qu'ils admettent ne jamais quitter, même aux toilettes (22% des garçons de 12-17 ans) ou dans la salle de bains (32% des filles de cet âge).

Cette étude a été réalisée les 28, 31 août et 1er septembre sur un échantillon de 1200 personnes âgées de 12 ans et plus, selon la méthode des quotas.