S'il est défendu par la loi de faire usage d'un téléphone cellulaire tenu en main en conduisant un véhicule, savez-vous que vous pouvez en toute légalité utiliser un CB, un walkie-talkie ou une micro- enregistreuse? Pourquoi? Les téléphones portables ont, selon la loi, une «fonction téléphonique» contrairement aux autres appareils.

«C'est ridicule d'interdire le téléphone cellulaire alors que ce n'est pas le cas pour les appareils en circuit fermé comme les CB parce que ce sont tous des éléments de distraction. C'est la distraction qui est le problème. On sanctionne même le fait d'avoir un cellulaire dans les mains, même s'il n'y a pas de conversation. C'est un débat qui va bien au-delà du cellulaire. On aurait avantage à éduquer les gens par une campagne de sensibilisation au lieu de remettre des constats d'infraction», dit Éric Lamontagne, avocat en chef représentant les membres de l'organisme SOS Ticket.

La situation devient loufoque quand un BlackBerry se transforme en dictaphone!

«Une mini-enregistreuse dans les mains d'un conducteur n'est pas touchée par la loi parce que cet appareil n'a pas une fonction téléphonique tout comme avoir en main une bouteille d'eau. Mais si vous enregistrez un message vocal sur un BlackBerry tenu en main qui sert aussi d'enregistreuse, l'appareil a une fonction téléphonique et est donc interdit par la loi. Avec un cellulaire en main d'ailleurs que vous ne discutiez ou pas au volant, vous êtes en infraction. On a légiféré sur l'utilisation du cellulaire au volant, mais il y a plusieurs autres sources de distraction», explique Manon Gaignard, porte-parole de la Sûreté du Québec.

«Fonction téléphonique» interdite

Depuis le 1er avril 2008, il est interdit au Québec pour un conducteur d'utiliser, pendant qu'il conduit, tout appareil - tenu en main - ayant une fonction téléphonique. "Pendant qu'il conduit" signifie que même si un conducteur immobilise son véhicule pour respecter la signalisation ou une entrave à la circulation, il continue quand même de conduire son véhicule.

En 2007, l'Institut national de santé publique du Québec avait recommandé l'interdiction complète du téléphone cellulaire au volant, puisque le recours à un dispositif mains libres ne réduit pas la distraction associée au cellulaire étant principalement de nature cognitive et visuelle.

Janick Perreault, avocate qui défend les victimes d'accidents d'automobile et auteure de plusieurs ouvrages à ce sujet, milite aussi en faveur d'une campagne de sensibilisation afin de mettre en garde les automobilistes contre toutes les distractions au volant.

«Il n'y a pas de solution miraculeuse. La prévention et les campagnes de publicité comme celle sur l'alcool au volant ont eu un effet très dissuasif. Il faut convaincre l'individu de changer son comportement. Il devient de plus ancré dans l'habitude des gens de travailler au volant de leur automobile...»

Source de distraction

À la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ), ce n'est pas tant le maniement de l'appareil qui pose un problème, mais bien la conversation téléphonique, puisque le cellulaire est une source de distraction «davantage mentale que physique». La SAAQ recommande d'éviter d'utiliser le téléphone cellulaire lorsque l'on conduit, même si l'on a un appareil doté de la fonction mains libres.

«Nous effectuons actuellement une observation terrain pour savoir combien d'automobilistes utilisent encore leur téléphone cellulaire sans mains libres. Ce travail qui a débuté il y a plusieurs mois sera terminé en 2010», souligne Audrey Chaput, porte-parole de la SAAQ. Selon le Bureau du coroner, il y aurait eu plus d'une vingtaine de décès liés à l'utilisation du cellulaire au volant entre 1999 et 2007.

Avec la collaboration d'André Bécu