La téléphonie fixe, qui semblait vouée au déclin, trouvera son salut dans les offres «triple-play» (internet, télévision, téléphone), sources de nouveaux revenus pour les opérateurs, affirme mardi une étude réalisée par Exane BNP Paribas et le cabinet Arthur D. Little.

«Le succès du triple-play va permettre aux opérateurs de télécoms d'enrayer le déclin de leurs lignes fixes, de maintenir leur revenu moyen par utilisateur et de préserver, par la consolidation du secteur, leur rentabilité», conclut cette étude, publiée depuis huit ans.

Il faut en effet une ligne téléphonique fixe pour pouvoir accéder à l'internet haut débit et aux offres triple-play. Selon l'étude, un opérateur qui parviendrait à diviser par deux sa baisse de lignes fixes sur la période 2008-2015 verrait sa valorisation boursière augmenter de 27%.

Les nouveaux contenus générés par ces offres (télévision payante, vidéo à la demande, publicité) représentent «une opportunité de 4 milliards d'euros de revenus à l'horizon 2015» pour les opérateurs historiques en Europe, soit 7% de leurs revenus actuels, ajoute-t-elle.

D'après cette étude, menée dans 17 pays européens auprès de 83 entreprises, la télévision payante représenterait «environ les deux tiers de cette opportunité de croissance, les opérateurs pouvant espérer capter 10 à 30% des abonnés à la télévision payante selon les pays».

En revanche, investir dans des contenus exclusifs ou «premium» (cinéma, football...), comme le fait notamment Orange (France Télécom) en France, est «une stratégie trop risquée car la base de clients des opérateurs ne permettra pas d'amortir les coûts très élevés de ces contenus».

Il est conseillé d'investir plutôt dans des contenus un peu moins prisés, comme les documentaires, les programmes pour enfants ou les sports moins connus, afin de dépenser moins tout en générant de nouveaux revenus.

Par ailleurs, la morosité économique pourrait profiter aux opérateurs «qui seront plus résilients que leurs compétiteurs (équipementiers, acteurs internet)», prédit l'étude.

«Paradoxalement, la crise que nous connaissons actuellement offre aux opérateurs le temps de s'organiser car elle ralentira les plans de développement des leaders de l'internet tout comme ceux des équipementiers», selon Didier Lévy, directeur télécoms de Arthur D. Little Paris.

Avec ses «coûts fixes importants», «le triple-play conduit à une sortie du marché des plus petits acteurs, donc à une consolidation», a noté dans une conférence de presse Jean-Luc Cyrot, conseiller télécoms chez Arthur D. Little et co-auteur de l'étude. Il a cité l'exemple de la France où le nombre de fournisseurs d'accès internet est passé en quelques années de huit à trois.