Kevin Willis, joueur de centre retraité de basketball, a renoncé à son BlackBerry et il compte maintenant sur son iPhone, d'Apple, pour garder le contact avec ses acheteurs, ses fournisseurs et ses clients de prestige qui portent ses jeans personnalisés.

«Il fait tout ce qu'un appareil téléphonique doit faire pour moi et mon entreprise», explique Willis, 46 ans, qui a quitté la NBA l'an dernier après y avoir évolué pendant plus de deux décennies et qui participe maintenant à la gestion de la compagnie de vêtements Willis&Walker, à Atlanta.

 

Voilà exactement ce que souhaite entendre Steve Jobs, le PDG d'Apple. Plus de 30 ans après avoir lancé ses premiers ordinateurs MacIntosh, puis les lecteurs de médias iPod, Apple se sert de son iPhone pour attirer un nouveau public: les clients d'affaires.

Requinquer Apple

Ainsi, M. Jobs cherche à requinquer un titre qui s'est déprécié de 49% cette année et à garder l'élan de l'entreprise dont les revenus ont presque quadruplé au cours des cinq dernières années.

Apple, de Cupertino, en Californie, tire au moins 80% de ses ventes auprès des consommateurs et la moitié de ses revenus aux États-Unis, ce qui présente un risque pour le fabricant d'ordinateurs si les gens réduisent leurs dépenses dans un contexte de perturbations économiques, indiquait cette semaine la firme Sanford C. Bernstein&Co.

De même que de nombreux titres de sociétés technologiques bien en vue, Apple a écopé cette année tandis que les investisseurs ont tourné le dos à des titres comme Apple et Google. Des interrogations continuelles quant à la santé de M. Jobs ont également pesé sur le titre.

Aujourd'hui, Apple pourrait devoir abaisser ses prix pour attirer des acheteurs plus conscients de leur budget aux États-Unis, comprimant ses marges de profit et limitant ses parts de marché au cours des trois à six prochains mois, soulignait cette semaine l'analyste Kathryn Huberty, de Morgan Stanley.

Le succès de l'iPhone dépend en partie de la capacité d'Apple de gagner des clients d'affaires, avait indiqué M. Jobs lorsqu'il avait dévoilé le modèle 3G, plus rapide, en juin dernier. Ainsi, Apple a ajouté des fonctions pour utilisateurs d'affaires qui rappellent celles du BlackBerry, de Research In Motion, qui contrôle plus de la moitié des téléphones intelligents aux États-Unis.

Lors de sa présentation, M. Jobs a passé une grande partie de son temps sur la scène à parler des nouvelles fonctions de sécurité et d'un lien avec le système de courriel pour entreprise Outlook et Exchange, de Microsoft. Pas moins de 35% des entreprises du Fortune 500 ont mis l'iPhone à l'essai, a dit M. Jobs. Cela comprend du personnel de Walt Disney, d'Oracle, de Genentech et de Kraft Foods.

Marché en expansion

Le marché des appareils téléphoniques dits intelligents qui transmettent des courriels et permettent de naviguer sur le Web pourrait plus que doubler à 288 millions d'appareils l'an prochain, selon la firme de recherche en technologie Gartner, de Stamford, au Connecticut.

En août, Gartner a atténué son adhésion au iPhone 3G, soutenant que l'appareil peut s'avérer un produit de remplacement pour le BlackBerry à la condition que les utilisateurs soient prêts à faire des compromis sur la sécurité et la durée de vie de la pile.

«Nous avons observé de l'intérêt marqué envers l'iPhone dans les entreprises», a indiqué Jennifer Bowcock, une porte-parole d'Apple. Pour sa part, Marisa Conway, porte-parole de Research In Motion, a refusé de commenter lorsqu'interrogée sur les efforts d'Apple pour attirer les clients d'affaires à son iPhone.