Les nouvelles sanctions contre les grands excès de vitesse et le cellulaire au volant ne semblent pas peser de la même manière à Québec et à Montréal. En négociation avec la Ville, les policiers de la capitale remettent en proportion beaucoup moins de contraventions que leurs confrères de la métropole, a constaté Le Soleil.

Entre le 1er avril et le 13 juillet, la police de Québec a remis 50 contraventions pour les grands excès de vitesse.Du 1er avril au 5 juillet, les policiers de Montréal en ont donné 1929. C'est près de trente-neuf fois plus.

Pour le mois juillet, les neuf contraventions pour grand excès de vitesse enregistrées à Québec incluent seulement les contraventions informatisées et non celles qui ont été écrites par les policiers, précise la police de Québec.

Téléphone cellulaire

La greffière de la Cour municipale de Québec, Anne-Laure Pelletier, assure toutefois «qu'en matière de sécurité routière, la majorité des constats sont faits de façon informatique». Mais depuis l'automne, les policiers remettent plus de constats écrits comme moyen de pression.

Pour ce qui est du téléphone cellulaire au volant, la police de Québec a remis 10 contraventions dans les deux premières semaines de juillet, un nombre qui encore une fois ne comprend pas les constats écrits.

À Montréal, la police en a remis 847 durant la même période. C'est donc près de 85 fois plus.

Il y a près de six fois plus de policiers à Montréal qu'à Québec, pour un parc automobile près de trois fois plus grand et une population environ trois fois plus nombreuse.

Des ratios de loin inférieurs à ceux des contraventions remises pour les grands excès de vitesse et le cellulaire au volant.

«C'est étonnant, commente Marc Gaudry, spécialiste en sécurité routière à l'Université de Montréal. Ça suggère que la police est plus dure à Montréal.»

La semaine dernière, la Ville de Québec rendait publique une étude commandée par le directeur du Service de police Serge Bélisle à un criminologue de l'Université de Montréal, Étienne Blais. Celle-ci révélait que lors de la dernière négociation avec les policiers entre mars 2003 et juin 2005, les policiers avaient remis deux fois moins de contraventions, provocant 15 collisions avec 20 blessés de plus chaque mois.

Rythme normal

Hier, pour une deuxième fois depuis le début des négociations avec la Fraternité des policiers, la Ville a fait appel au Conseil des services essentiels pour que les agents de la paix reviennent à un rythme normal de contraventions.

Selon les données publiées par la Ville, les policiers auraient commencé à mettre la pédale douce sur les contraventions en octobre dernier, alors qu'on observe une diminution subite de 40 % du nombre de constats par rapport au mois précédent.

Selon le porte-parole de la Ville, Jacques Perron, le fossé qui sépare Québec et Montréal dans le nombre de contraventions pour les grands excès de vitesse et le cellulaire au volant démontre la pertinence des demandes de la Ville.

«C'est pour ça qu'on est devant le Conseil des services essentiels, où on dénonce les moyens de pression de nos policiers qui ferment les yeux sur un certain nombre d'infractions», dit-il.

Malgré plusieurs tentatives de le joindre, le président de la Fraternité des policiers, Jean Beaudoin, n'a pas rappelé Le Soleil. Jusqu'à maintenant, le syndicat a démenti avoir demandé à ses membres de diminuer les constats d'infraction. M. Beaudoin a plutôt attribué cette baisse au manque de motivation des agents de la paix.

Sanctions

Depuis le 1er avril, des sanctions plus sévères sont infligées aux conducteurs qui font de grands excès de vitesse. L'utilisation du téléphone cellulaire tenue en main est aussi interdite en conduisant.

Mais les policiers n'ont commencé que le 1er juillet à donner des contraventions pour cette nouvelle interdiction.