Les communicateurs sans-fil et multimédia iPhone, du géant américain Apple, s'amènent au Canada dans la controverse en raison de forfaits jugés trop chers chez Rogers, le seul fournisseur autorisé.

Au point où, encore hier, des rumeurs d'internautes laissaient croire à un «retrait» par Apple des iPhone de ses magasins au Canada, en réaction au mécontentement autour des forfaits annoncés par Rogers.

Pourtant, hors des États-Unis, Apple ne vend pas les iPhone dans ses propres boutiques, a-t-on indiqué du siège social de Cupertino, en Californie.

Par conséquent, le lancement mondial des iPhone de type 3G (norme sans fil), vendredi, était toujours prévu en vente exclusive par les fournisseurs de réseau dans les différents pays.

Au Canada, les boutiques Rogers vendront donc les iPhone et leurs forfaits de télécoms (voix, données) à compter de vendredi, tel que prévu.

Quant aux boutiques Apple, elles auront les iPhone en démonstration seulement, comme partout hors des États-Unis.

N'empêche que, dans le milieu des technophiles, la grogne persiste au sujet des tarifs proposés par Rogers.

Une pétition électronique lancée par un nouveau site internet canadien, ruinediphone.com, prétend avoir recueilli 52 000 signatures au cours des derniers jours.

La pétition devrait être acheminée à Rogers vendredi, journée inaugurale des iPhone 3G au Canada et partout dans le monde.

Est-ce que cette pétition pourrait pousser Rogers à réviser ses tarifs?

Au siège social torontois, hier, on préférait éviter tout commentaire à ce propos, se contentant de vanter des forfaits «bien adaptés» aux besoins de divers types d'utilisateurs.

Pour les analystes financiers qui surveillent Rogers, le mécontentement provoqué par les forfaits proposés par le numéro un de la téléphonie sans fil au Canada ne devraient pas nuire au succès attendu du iPhone.

«Effectivement, les forfaits annoncés par Rogers sont plus élevés que ceux de AT&T aux États-Unis, par exemple», a souligné Robert Bek, analyste des télécoms chez Marchés mondiaux CIBC, dans une récente note à ses clients-investisseurs.

«Mais ce n'est pas surprenant dans le contexte du marché canadien du sans-fil. Ce qui aurait surpris, en fait, c'est que Rogers aille dans le même sens qu'AT&T, avec la transmission illimitée de données.»

Aux États-Unis, les forfaits de iPhone proposé par AT&T débutent à l'équivalent de 72$CAN par mois pour 450 minutes parlées en tout temps et la transmission de données illimitées, mais pas de messagerie SMS.

Avec ce forfait de base, pour un minimum de deux ans, l'achat initial du iPhone (8GB) chez AT&T s'élève autour de 400$, en plus de frais d'initialisation de connexion d'environ 37$.

En comparaison, le forfait iPhone de base proposé par Rogers revient à 67$ par mois pour 150 minutes parlées en journées, illimitées en soirées/week-ends, 450 MB de données reçues et 75 messages SMS.

Quant à l'achat initial du iPhone (8GB), Rogers a établi un prix de 199$ pour tous ses forfaits d'une durée minimale de trois ans.

Selon John Henderson, analyste des télécoms chez Scotia Capital, Rogers se positionne pour «capter le créneau supérieur du marché du sans-fil» avec ses forfaits pour le iPhone et, bientôt, ceux de la nouvelle génération de BlackBerry, les réputés communicateurs sans-fil d'origine canadienne.

«Les forfaits de Rogers pour ces communicateurs devraient s'avérer très attrayants, en particulier ceux du iPhone qui comprennent un prix d'achat initial au rabais pour l'appareil», souligne M.Henderson.

L'analyste prévoit d'ailleurs un impact positif relativement rapide du iPhone sur les résultats financiers de Rogers, provenant d'un trafic accru de données sur son réseau sans fil.

Par ailleurs, il faudra voir l'impact de la réplique du principal concurrent de Rogers dans le sans-fil, Bell, deuxième pour le nombre d'abonnés.

Bell introduira le mois prochain le communicateur multimédia «Instinct» conçu par la société coréenne Samsung.

Et les forfaits de télécoms de Bell s'annoncent moins coûteux que ceux de Rogers pour iPhone, en incluant même la transmission de données illimitées.

«Même s'il est un peu moins performant, le communicateur de Samsung a déjà la réputation d'un «iPhone Killer» sur le marché américain grâce à son succès dans le réseau de Sprint (un concurrent de AT&T)», souligne l'analyste Robert Bek, de Marchés Mondiaux CIBC.

«Avec ses forfaits pour l'Instinct, Bell pourrait attirer la clientèle qui juge les tarifs de Rogers trop élevés. N'empêche, les iPhone devraient bien faire au Canada parmi ceux prêts à payer plus pour avoir LE vrai appareil dans les mains.»