Après les PC, les téléphones cellulaires avec accès Internet vont devenir les prochaines cibles des virus, une menace prise au sérieux par le monde des télécoms, qui cependant ne veut surtout pas dramatiser.

Après les PC, les téléphones cellulaires avec accès Internet vont devenir les prochaines cibles des virus, une menace prise au sérieux par le monde des télécoms, qui cependant ne veut surtout pas dramatiser.

Dans une enquête publiée lors du congrès de la téléphonie mobile à Barcelone, le fabricant américain de programmes de sécurité McAfee relève que les utilisateurs se disent en grande majorité (72%) inquiets. Un avis toutefois assez paradoxal, puisqu'ils sont plus nombreux encore (86,3%) à ne connaître personne qui ait été contaminé.

L'enquête de McAfee montre toutefois que plus un marché est dynamique en termes de téléphonie mobile, plus les inquiétudes sont présentes. Il cite ainsi le cas du Japon où ils sont 89,1% à faire part de leurs craintes, contre 67,7% au Royaume Uni et 61,1% aux États-Unis.

Un autre éditeur de logiciels de sécurité, le russe Kaspersky, se veut plus modéré. «C'est un risque dont il faut prendre conscience. Il ne faut pas dramatiser, angoisser les gens, mais c'est un risque qui existe et qui certainement va aller en se développant», selon Emmanuel Forgues, chef produit Mobilité de Kaspersky, présent à Barcelone.

Principale raison: l'explosion attendue des ventes de «smartphones», au vu des nombreux produits présentés à Barcelone. Les smartphones sont des téléphones qui ont des fonctionnalités identiques à celles d'un PC, avec possibilité de se connecter à internet, de consulter sa messagerie, etc.

La contamination par Bluetooth est l'une des plus fréquentes. Elle est possible car une fois la fonctionnalité activée sur le portable et le téléphone visible par les gens alentours (par exemple dans une station de métro), il peut recevoir des messages incluant un virus.

C'est ce qui est arrivé en mai dernier en Espagne où 110 000 téléphones ont été contaminés lors d'une véritable «épidémie» due au virus «commwarrior» qui ciblait les téléphones fonctionnant sous le système Symbian, comme les Nokia.

Autre tactique nuisible, l'envoi d'un SMS qui incite le destinataire à rappeler un numéro surtaxé ou à répondre et à recevoir en retour un SMS surtaxé. Il ne s'agit pas de virus, mais de véritables arnaques.

«Aujourd'hui les virus qui attaquent le système sont peu nombreux, ce que les développeurs étudient, c'est comment propager les virus», explique M. Forgues. Il met en avant l'intérêt de cette propagation pour qui voudrait lancer une campagne de publicité via un virus qui irait piocher dans le carnet d'adresses des victimes.

Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité de Microsoft France, reconnaît lui aussi que les «menaces sont réelles sur le plan technique», mais pour lui, «cela ne menace pas pour autant l'économie du secteur».

Plus que les virus, l'un des principaux problèmes, selon lui, c'est le vol d'un téléphone, surtout quand celui-ci est connecté à un réseau d'entreprise avec à la clef des risques d'intrusion ou de vols de données.

L'opérateur Orange a mis en place au niveau de son réseau un système qui lui permet de repérer les fichiers malveillants. «Avec la convergence des mondes de l'informatique et des télécoms, la menace va devenir de plus en plus sérieuse» d'ici 2 à 5 ans, indique-t-on chez l'opérateur.

«Ce qui intéresse les développeurs de virus, c'est que leur code malveillant se propage le plus possible» comme sur Internet, «or aujourd'hui, les téléphones fonctionnent sous des systèmes différents» et sont donc moins vulnérables, explique l'opérateur. C'est l'inverse du monde de l'ordinateur où Windows est omniprésent.

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