Dans le grand livre sur l'histoire des nouvelles technologies, sans doute que le courrier électronique sera considéré, à juste titre, comme l'élément déclencheur ayant mené tant de gens et d'entreprises à se précipiter sur l'internet, au cours des années 90. Or, la même chose est présentement en train de se produire pour les technologies mobiles.

Dans le grand livre sur l'histoire des nouvelles technologies, sans doute que le courrier électronique sera considéré, à juste titre, comme l'élément déclencheur ayant mené tant de gens et d'entreprises à se précipiter sur l'internet, au cours des années 90. Or, la même chose est présentement en train de se produire pour les technologies mobiles.

Le courriel et la messagerie instantanée sont des canaux de communication relativement simples et, admettons-le, pas très sophistiqués. Surtout dans leur version mobile, où tout excès de données doit être évité afin d'accélérer l'échange d'information avec le réseau.

Pourtant, au fil des prochaines années, c'est l'application mobile qui connaîtra la plus forte croissance, en Amérique du Nord. Du moins, selon les statistiques qu'utilise le géant Microsoft pour justifier son offensive du côté des téléphones intelligents et autres ordinateurs de poche.

Boom du courrier mobile

Brian Arbogast, vice-président responsable des services mobiles pour Microsoft à Redmond, aux États-Unis, dénombre entre 15 et 20 millions d'utilisateurs fréquents du courriel mobile sur le continent l'an dernier.

Cette année, il s'attend à ce que ce nombre double, à 30 millions d'utilisateurs, et qu'il double encore l'an prochain, pour atteindre plus de 60 millions d'internautes mobiles. Uniquement grâce au pouvoir d'attraction du courrier électronique! «On réalise que les gens veulent être de plus en plus en contact avec leurs proches, peu importe où ils se trouvent», nous confiait M. Arbogast, récemment.

Une PME montréalaise en profite

S'il avait été présent au moment de cet entretien, nul doute que Jim Knapik, président d'OZ Communications, aurait opiné. L'entreprise montréalaise spécialisée dans le courriel et la messagerie instantanée mobiles surfe en effet sur cette vague de popularité des technologies mobiles.

La semaine dernière, OZ annonçait justement qu'elle venait de transmettre le dix milliardième courriel de son histoire. Au même moment, le nombre de personnes utilisant l'un ou l'autre des services qu'OZ fournit aux exploitants mobiles passait le cap des 100 millions. Ce n'est pas rien.

«Ces dernières années, on a beaucoup parlé de la messagerie texte, mais le courriel mobile et la messagerie instantanée vont connaître plus de succès encore», estime M. Knapik. Selon lui, le simple fait de pouvoir communiquer entre un sans-fil et un ordinateur personnel distingue avantageusement ces deux technologies, par rapport au SMS.

Naturellement, si OZ peut profiter de cette croissance, c'est que les exploitants de réseaux sans fil nord-américains ont aussi flairé la bonne affaire. Après tout, cet échange de données sur leurs réseaux leur permet d'encaisser des revenus additionnels. Aujourd'hui, ils offrent à peu près tous un service de messagerie mobile déjà installé sur les sans-fil qu'ils détaillent à leur clientèle.

Prochain pas, la vidéo?

La semaine dernière encore, Rogers sans-fil lançait officiellement la nouvelle génération de son réseau sans fil dans cinq agglomérations du Québec. Baptisé HSPA, ce réseau ouvre la voie à la vidéo mobile, plus précisément aux appels vidéo en direct. Friands de messagerie mobile, les jeunes en raffoleront, assure Jean Laporte, directeur des ventes chez Rogers pour l'est du Canada.

«En ce moment, les jeunes utilisent la messagerie mobile, et c'est cette adoption massive qui assure le succès d'une technologie», dit-il, ajoutant qu'en étant le premier à supporter les appels vidéo sur son réseau, Rogers est bien positionné pour récolter les fruits d'un tel succès.

Or, Jim Knapik demeure pessimiste quant à cette éventualité. «Les appareils mobiles capables de capter et de transmettre de la vidéo sont trop rares, et le marché potentiel est trop étroit», estime le président d'OZ Communications. «Nous préférons nous concentrer sur la messagerie mobile, qui peut fonctionner sur pratiquement tous les sans-fil actuellement sur le marché.»

Même sur l'internet, ça a pris du temps avant que la vidéo ne devienne un phénomène répandu. Mais le courriel, lui, est toujours aussi populaire.