Un automobiliste ne démarre pas à un feu vert parce qu'il parle au téléphone. Un autre ralentit pour attraper le combiné. Sans le savoir, ils se font probablement insulter par celui ou celle qui roule juste derrière eux.

Un automobiliste ne démarre pas à un feu vert parce qu'il parle au téléphone. Un autre ralentit pour attraper le combiné. Sans le savoir, ils se font probablement insulter par celui ou celle qui roule juste derrière eux.

Une nouvelle étude, menée par deux étudiants au baccalauréat en psychologie de l'Université de Montréal, soutient que le téléphone cellulaire au volant n'est pas seulement une distraction pour celui qui l'utilise.

Son utilisation irrite aussi considérablement les autres conducteurs et les rend plus nerveux.

Les résultats d'une enquête réalisée auprès de 380 automobilistes québécois démontrent notamment que les femmes sont les plus excédées par ce comportement.

Bon nombre d'entre elles croient que les utilisateurs de téléphone portable sont imprudents. «Mais elles n'ont pas tendance à être agressives ou à klaxonner. Elles vont rouspéter, sacrer, crier dans leur voiture, sans que les autres s'en aperçoivent», constate Marie-Julie Rivest, une des deux auteures de l'étude.

Les jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans sont également critiques à l'égard des automobilistes accrochés à leur combiné. «C'est en partie parce qu'ils veulent se rendre rapidement à destination et que les automobilistes au téléphone les ralentissent», explique le second chercheur, Marc-André Bacon.

Les deux étudiants, qui ont présenté leur recherche hier lors du congrès annuel de l'ACFAS, croient que les résultats de leur étude offrent un argument supplémentaire à ceux qui aimeraient voir le téléphone cellulaire au volant proscrit au Québec.

«Nous voyons qu'il y a une forte réaction émotive chez les autres automobilistes et ça peut augmenter le danger», estime M. Bacon.

Interdit dans plusieurs pays

Au Canada, seule la province de Terre-Neuve-et-Labrador a interdit aux conducteurs l'utilisation du cellulaire. L'Australie, l'Autriche et le Japon ont des lois similaires. Idem pour quatre États américains, dont le New Jersey.

En juin dernier, la commission des transports de l'Assemblée nationale a recommandé au gouvernement québécois d'interdire le téléphone cellulaire au volant, mais d'autoriser les appels «mains libres».

Leur avis repose sur plusieurs études. Le Bureau du coroner du Québec a notamment démontré que 17 personnes sont mortes entre 1999 et 2004 dans des accidents causés par l'utilisation d'un cellulaire. Un chercheur de Harvard relie 2600 accidents mortels - soit 6 % du total - au mariage entre circulation et conversation téléphonique.