À la fois technophiles invétérés et lecteurs voraces, les Japonais sont de plus en plus nombreux à abandonner livres, journaux et mangas imprimés pour un support de lecture beaucoup plus pratique dans les transports en commun: l'ubiquiste téléphone portable.

À la fois technophiles invétérés et lecteurs voraces, les Japonais sont de plus en plus nombreux à abandonner livres, journaux et mangas imprimés pour un support de lecture beaucoup plus pratique dans les transports en commun: l'ubiquiste téléphone portable.

Selon l'institut de recherches en marketing Impress R&D, le marché des livres en version électronique pour téléphones cellulaires, inexistant avant 2002, a atteint 4,6 milliards de yens (50 millions $) au Japon entre avril 2005 et mars 2006, soit près de quatre fois plus que l'année précédente.

Ce marché est désormais presque aussi important que celui des livres électroniques pour PC et assistants numériques personnels (PDA), qui s'élevait en 2005-2006 à 4,8 milliards de yens, en hausse de 45 % sur un an.

«La croissance fulgurante du marché des livres sur cellulaires s'inscrit dans un contexte d'optimisation des fonctions des téléphones portables et des réseaux cellulaires», explique Impress R&D dans un rapport.

«À partir de 2004, il est devenu techniquement possible de télécharger un livre entier sur un cellulaire», dont les écrans sont de plus en plus larges et de mieux en mieux définis, précise l'institut.

L'un des domaines les plus prisés est celui des mangas. Ces bandes dessinées, vendues en épais volumes dans les kiosques, représentent la moitié du total des ventes de livres électroniques mobiles.

Leur lecture est d'autant plus facile que les vignettes défilent automatiquement, donnant l'impression de regarder un dessin animé.

Parmi les autres genres d'ouvrages, les romans à l'eau de rose pour adolescentes, les livres de culture d'entreprise et de bonnes manières pour salariés figurent aussi en bonne place.

Pour les lire, il est nécessaire de s'abonner aux librairies en ligne (parfois gratuitement ou pour un prix allant jusqu'à 315 yens par mois), et de télécharger un logiciel de lecture gratuit.

Chaque ouvrage est vendu de 100 yens (1 $) à plus de 1500 yens (16 $) selon son type et sa longueur, mais les tarifs sont en général inférieurs à ceux des éditions imprimées.

Pour attirer les lecteurs, les sites offrent de nombreux et longs extraits gratuits.

Sur le portail du service AU du deuxième opérateur japonais KDDI, dans la catégorie «denshi shoseki» (livre électronique), on dénombre une centaine de sites, dont 28 sont des librairies générales, 35 sont spécialisées dans les mangas et 27 dans les ouvrages de photos (érotiques, le plus souvent).

Le site le plus fréquenté, Denshishoten papyless, annonce quelque 5000 titres disponibles, toutes catégories confondues.

Comme dans une librairie ayant pignon sur rue, les ouvrages sont placés par étage et par rayonnage, accessibles par clics.

Les dernières sorties et les meilleures ventes sont placées en tête de rayon avec les commentaires des libraires.

Sur le portail i-mode de NTT DoCoMo, premier opérateur nippon, c'est le dernier venu dans le secteur, Tsutaya, qui figure en tête de liste.

L'entrée dans l'univers du livre virtuel de ce poids lourd de la distribution et de la location de CD/DVD, avec d'entrée de jeu 2600 titres disponibles, illustre le potentiel de ce nouveau marché.

«Ce ne sont pas seulement les grandes maisons d'édition qui s'y mettent. Des fournisseurs de contenus qui n'avaient pas de liens avec le milieu veulent aussi en profiter», souligne Impress R&D, ajoutant que l'arrivée de nouveaux entrants rend l'offre plus large et la concurrence plus féroce.