Le téléphone cellulaire est décidément l'objet de tous les paradoxes. On s'en procure un pour la liberté qu'il donne, mais on lâche tout afin de se précipiter dessus dès qu'il sonne. On affiche notre singularité en personnalisant l'appareil mais, en agissant ainsi, on succombe à un comportement collectif. On est émerveillé par sa technologie, mais vite démuni dès que quelque chose fonctionne mal.

Le téléphone cellulaire est décidément l'objet de tous les paradoxes. On s'en procure un pour la liberté qu'il donne, mais on lâche tout afin de se précipiter dessus dès qu'il sonne. On affiche notre singularité en personnalisant l'appareil mais, en agissant ainsi, on succombe à un comportement collectif. On est émerveillé par sa technologie, mais vite démuni dès que quelque chose fonctionne mal.

Mobile Attitude s'intéresse à de telles contradictions et à l'ensemble des comportements générés par les téléphones sans fil. C'est que, à peine une quinzaine d'années après son apparition, le cellulaire est devenu un objet-culte: on passe autant de temps à parler de l'appareil qu'à s'en servir, on lui réserve un endroit précis à la maison, au bureau, dans notre manteau, etc.

De fait, dans certains cas, il représente un élément essentiel à notre vie; on se sent isolé du monde quand on l'éteint et l'on s'empresse de le rallumer au réveil, le matin. Si le téléphone mobile occupe une telle place, c'est surtout parce que l'appareil n'est plus l'apanage d'employés importants ou de décideurs dans les entreprises.

Puisque la possession d'un téléphone sans fil ne nous démarque plus socialement, nous prenons les moyens afin que, en revanche, le nôtre soit à notre image.

En cela, il se distingue des lecteurs de DVD, appareils photo numériques et autres gadgets électroniques apparus dans la dernière décennie.

Plus qu'un outil de communication, le cellulaire constitue un grand révélateur, jugent les auteurs Alban Gonord et Joëlle Menrath.

«La façon de le porter et le choix des sonneries livrent des indices précieux sur celui qui le possède», affirment-ils.

Par exemple, dès qu'il s'anime et diffuse un air présélectionné, l'appareil nous informe sur le propriétaire: ses goûts musicaux, son sens de l'humour, sa maîtrise de la technologie, etc.

À l'inverse, une sonnerie de base révèle vite un néophyte ou un conservateur. Bref, un peu comme une voiture, le sans-fil n'est pas qu'un objet pratique; il s'avère un miroir de ce que nous sommes.

«Le mobile devient un objet-totem, écrivent les auteurs. Le choix de la marque, de l'opérateur, des options, de la forme et des couleurs compose la carte d'identité du possesseur.»

On ne s'étonnera donc pas que les compagnies de téléphone sans fil ciblent entre autres clients les adolescents, lesquels se trouvent à une période de leur vie où, justement, ils définissent leur personnalité. Le sans fil devient en même temps pour eux le premier moyen de court-circuiter le filtre parental et de s'approcher ainsi de leur autonomie en parlant à qui ils veulent quand ils le désirent.

Par ses multiples observations, Mobile Attitude permet de constater que le cellulaire s'inscrit déjà, comme l'automobile, l'ordinateur et la télévision, parmi les inventions marquantes de l'histoire, car son influence se manifeste à la maison, dans les loisirs et dans la vie courante.

Et parce que ses prochaines applications seront axées vers l'accès à l'information (consultation d'ouvrages à distance, visioconférences, etc.), le téléphone mobile deviendra en somme un mini-monde dans notre poche.

L'auteur est journaliste pigiste et chroniqueur-associé à la librairie Coop HEC Montréal

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MOBILE ATTITUDE; CE QUE LES PORTABLES ONT CHANGÉ DANS NOS VIES, Alban Gonord et Joëlle Menrath, Hachette Littératures, 2006, 277 pages. Prix suggéré: 34,95$