Plus grand marché de la téléphonie mobile en nombre d'utilisateurs, la Chine, malgré un retard de pénétration et de technologie, a montré, lors du congrès 3GSM de Barcelone, qu'elle était devenue un acteur incontournable du secteur, en fabrication comme en innovation.

Plus grand marché de la téléphonie mobile en nombre d'utilisateurs, la Chine, malgré un retard de pénétration et de technologie, a montré, lors du congrès 3GSM de Barcelone, qu'elle était devenue un acteur incontournable du secteur, en fabrication comme en innovation.

La présence, pour la première fois au congrès de la téléphonie mobile, du PDG du premier opérateur chinois China Mobile, Wang Jianzhou, aux côtés des dirigeants des plus gros opérateurs de téléphonie mondiaux lors d'une conférence de presse commune, est à elle seule un signe fort.

«Nous avons une clientèle de 250 millions d'abonnés, avec un gain net d'au moins 3 millions de clients chaque mois», a-t-il annoncé lors de cette conférence, provoquant l'étonnement de l'audience.

Les chiffres du marché chinois donnent, il est vrai, le vertige: de 388 millions d'abonnés à fin novembre 2005, il pourrait atteindre en 2010, selon les spécialistes du secteur, le chiffre de 600 millions.

Le potentiel de croissance reste donc énorme, la Chine affichant encore un taux de pénétration du téléphone mobile (29%) très inférieurs aux pays développés et n'ayant pas encore accès à la téléphonie de 3ème génération (dite 3G), alors que ses voisins, comme le Japon ou la Corée du Sud, ont été des précurseurs dans ce domaine.

«Beaucoup de gens, en Chine, espèrent que le gouvernement délivrera les licences 3G cette année», explique Peng Wang, porte-parole de ZTE, deuxième équipementier chinois, également présent au congrès.

Faute de pouvoir, pour l'instant, développer les dernières nouveautés technologiques sur leur marché national, les industriels chinois du secteur se tournent donc vers l'international.

«Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 4,1 milliards de dollars au premier semestre 2005, dont 62% (2,47 mds) en provenance du marché +non-chinois+», a ainsi annoncé Edward Deng, responsable du marketing international de Huawei Technologies, équipementier en télécommunications, lors d'une conférence de presse avec l'un ses partenaires, Hewlett-Packard.

Huawei, présent dans plus de 90 pays et fournisseur de plus de 400 opérateurs de téléphonie, a ainsi ouvert des centres de recherche et développement en Suède, aux Etats-Unis, en Inde, en Russie et aux Pays-Bas, a-t-il indiqué.

«Les parts de marché des entreprises chinoises dans ce secteur ont beaucoup augmenté ces dernières années, ZTE et Huawei ont fait du très bon travail à l'étranger», a également noté Wang Jianzhou.

Au début, pas question pour eux de se jeter sur l'Europe et les Etats-Unis, marchés déjà presque saturés: «il y a dix ans, quand nous nous sommes lancés à l'international, notre première cible a été les marchés émergents», explique M. Deng.

«Ce sont sur ces marchés que la concurrence des fournisseurs chinois est la plus forte», analyse Frédéric Pujol, responsable du service mobiles de l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate).

«Au départ, ils ont commencé sur les pays en développement et là, ils viennent de signer quelques contrats dans les pays d'Europe de l'Est, aux Pays-Bas, en Pologne. Ils représentent désormais des concurrents sérieux», estime-t-il.

«Les marchés à la pointe du secteur sont notre cible à long terme», confie Peng Wang. ZTE a ainsi présenté ses terminaux 3G et HSDPA (version évoluée de la 3G) lors du congrès 3GSM et annoncé des partenariats, dans ce domaine, avec Cisco et Hutchison.

Une manière de préparer la venue de la 3G en Chine (qui a développé sa propre norme, TD-SCDMA), elle aussi prometteuse: en 2009, l'institut IDC prévoit que la Chine sera le premier marché 3G avec 98 millions d'abonnés.