La compagnie Nokia fait le pari que les accrocs au BlackBerry sont en quête d'une nouvelle « dépendance ».

La compagnie Nokia fait le pari que les accrocs au BlackBerry sont en quête d'une nouvelle « dépendance ».

Ainsi, le plus important fabricant mondial de téléphones cellulaires courtise les utilisateurs du BlackBerry, produit par la compagnie canadienne Research In Motion (RIM), et leur propose un nouvel appareil qui combine téléphone et dispositif de courriel, appareil qui sera sur le marché le trimestre prochain. Nokia cherche à tirer parti des craintes que le service offert par BlackBerry ne soit plus offert aux États-Unis en raison d'un différend sur des brevets.

« Les gens sont à la recherche de solutions de remplacement », explique Mary McDowell, vice-présidente de Nokia, au cours d'une entrevue à New York. La poursuite touchant les brevets « a l'effet d'un nuage au-dessus de la tête de RIM », ajoute-t-elle.

Nokia rêve de créer sa propre clientèle de mordus, semblable à celle formée des utilisateurs du BlackBerry que l'on trouve aussi bien à Wall Street qu'à Silicon Valley et qui surnomment l'appareil de Research In Motion le « CrackBerry » tout en consultant constamment le dispositif dans le train ou l'avion. Selon Mme McDowell, l'appareil E61 de Nokia, société établie à Espoo, en Finlande, séduira certaines des quelque 650 millions de personnes dans le monde qui ont un compte de courriels d'affaires en leur fournissant l'accès à leurs messages pendant leurs déplacements.

L'occasion présente pourrait être la meilleure qui se soit jamais offerte. C'est que Research In Motion, qui compte environ 4 millions d'utilisateurs, pourrait être contraint de ne plus offrir son service aux États-Unis, son plus important marché. Le 30 novembre dernier, le juge James Spencer, de Richmond, en Virginie, a rejeté un accord de 450 millions de dollars américains entre Research In Motion et NTP, cette dernière soutenant que le dispositif BlackBerry viole ses brevets.

« Les compagnies vont réagir à tout ce qui se passe et il se peut qu'une porte s'ouvre pour Nokia », estime Daniel Morgan, qui participe à la gestion de 5,45 milliards US, y compris des actions de Nokia, chez Synovus Investment Advisors, à St. Petersburg, en Floride. « Cela fait du tapage et crée de l'incertitude », ajoute-t-il.

Nokia n'est pas la seule compagnie à lorgner le marché du BlackBerry. Motorola, plus proche concurrent de Nokia dans le secteur des cellulaires, doit dévoiler au cours du premier trimestre de 2006 un modèle comprenant une fonction de courriel intégrée, appareil qui portera le nom de Q.

Motorola, de Schaumburg, en Illinois, prévoit que certains utilisateurs du monde des affaires opteront pour le Q, selon le porte-parole, Alan Buddendeck. La compagnie vise aussi les consommateurs éclairés (parfois appelés prosommateurs), c'est-à-dire des professionnels qui sont aussi des consommateurs et qui veulent un dispositif de courriel pour leurs besoins personnels et professionnels. Ces clients sont susceptibles d'utiliser un tel appareil plutôt qu'un ordinateur portable.

Pour sa part, Mme McDowell, de Nokia, veut attaquer Research In Motion sur son principal marché, celui des utilisateurs d'affaires. Elle dit qu'elle-même et son personnel travaillent de concert avec des compagnies de téléphonie telles que Vodafone Group, plus important fournisseur mondial de service de téléphonie cellulaire, pour réunir les entreprises.

Nokia réalise également des acquisitions pour constituer cette « équipe ». Le mois dernier, la compagnie finlandaise a acquis Intellisync Corp., fabricant de logiciels de courriel, au prix de 430 millions US. Les produits d'Intellisync, entreprise de San Jose, en Californie, sont utilisés par des compagnies de téléphonie telles que Verizon Communications et Sprint Nextel.

Les utilisateurs du monde des affaires sont susceptibles d'aider Nokia à bâtir une clientèle au moment où le marché croîtra l'an prochain. La semaine dernière, Nokia a fait état de prévisions selon lesquelles les ventes de téléphones cellulaires par toute l'industrie augmenteront de plus de 10 % en 2006, comparativement à 780 millions d'appareils cette année.

Nokia, qui occupait environ le tiers du marché des cellulaires au dernier trimestre, s'attend à augmenter ses parts de marché à la suite du lancement de trois nouveaux modèles haut de gamme qui fonctionnent grâce à des réseaux plus rapides. L'objectif à long terme de Nokia est de posséder 40 % des parts de marché.