Plusieurs entreprises montréalaises de conception de jeux vidéo se rendront cette semaine au Tokyo Game Show, au Japon, avec le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, pour faire rayonner l'expertise québécoise en la matière. Bien que Québec compte quatre gros joueurs dans le domaine, aucun ne fera partie du voyage.

Ubisoft, Beenox, Sarbakan et Frima Studios ont pourtant reçu une invitation à se rendre au pays des samouraïs. Le Japon n'est-il pas un marché très important? Certes, assure Pierre Moisan, vice-président stratégie corporative chez Frima Studios. «Ça fait quelques années qu'on veut y aller, mais on a tellement d'ouvrage ici. L'année prochaine on devrait être dû pour y aller.»

Frima Studios brasse de grosses affaires avec les Américains, continue M. Moisan, ce qui occupe beaucoup l'entreprise.

Or on ne fait pas affaire avec les Japonais comme avec les Américains, avec qui les choses se déroulent de manière décontractée. M. Moisan voit donc d'un bon oeil qu'un ministre du gouvernement aille ouvrir des portes aux entreprises québécoises.

«Le Japon est très hiérarchisé. Quand je travaillais pour Mega toons, j'avais négocié des contrats avec des Japonais à Atlanta. Le grand patron d'une grosse entreprise japonaise était à une table, nous à une autre, et il n'était pas question qu'on lui parle directement. C'est une autre personne qui allait lui parler en notre nom. Même si on était président et vice-président, notre boîte était plus petite et on ne pouvait donc pas parler à leur président.»

Écarts culturels

Chez Sarbakan, on veut se donner encore du temps avant de décider si on s'attaquera au marché japonais. Voilà pourquoi on a décidé de passer un tour cette année, affirme Pascal Téssier-Fleury, vice-président aux opérations. «On est allé l'an dernier au Tokyo Game Show à titre exploratoire. Il faut comprendre que le plus grand marché de jeux vidéo est aux États-Unis, vient ensuite celui de l'Union européenne. L'Asie, avec la Corée du Sud et le Japon, est aussi un énorme marché. Mais il y a de grands écarts culturels avec le Japon. C'est pour ça qu'on veut attendre encore un peu. Il faudra être capable d'investir beaucoup là-bas. Et ce n'était pas dans nos choix pour l'instant.»

Le monde des jeux vidéo est peuplé de jeunes dans la vingtaine et embaucher des gens d'expérience est un des grands défis, enchaîne M. Téssier-Fleury. «La question de la propriété intellectuelle est aussi un enjeu important comme celui de la commercialisation. Les gens font de bons produits, mais ils ont parfois de la difficulté à les commercialiser.»

Le Québec compte 55 entreprises de jeux vidéo fournissant de l'emploi à 6600 personnes (dont 4400 développeurs), ce qui le situe parmi les cinq ou dix principaux pôles de développement au monde.

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