Les concepteurs de jeu vidéo s'apprêtent à défier la morosité économique mais aussi la morosité tout court lors du salon international E3 de Los Angeles, sur lequel le géant français du secteur Ubisoft a prévu de lâcher ses Lapins Crétins.
Une équipe de ces rongeurs farfelus et légèrement abrutis, accompagnée d'un orchestre de rue roumain, «sèmera la pagaille» aux abords de ce rendez-vous annuel du jeu vidéo qui s'ouvre mardi à Los Angeles.
À l'image du jeu à succès, les visiteurs du salon seront invités à lancer des t-shirts et autres bidules dans un immense WC. Les rongeurs empileront ensuite les objets qui seront donnés à des oeuvres caritatives ou recyclés à la fin du salon jeudi.
Cette opération est destinée à promouvoir le nouvel opus de la série The Lapins Crétins: la grosse aventure, où les petits personnages délirants, persuadés que la Lune est leur terre d'origine, entreprennent de rentrer chez eux en constituant un tas d'objets hétéroclites.
Leur arme de choix est naturellement la ventouse de toilette, et dès sa création en 2006, le jeu prévoyait lancers de vaches, projection de jus de carotte et autres bizarreries.
Ubisoft a vendu plus de six millions de jeux grâce aux lapins crétins, dont un million aux États-Unis.
Les ventes du secteur ont continué de progresser pendant la crise économique, mais ont commencé à décliner en mars et avril, selon les dernières données disponibles.
Les experts restent toutefois optimistes sur la santé du jeu vidéo, citant des études qui montrent que les joueurs préfèrent réduire leurs dépenses pour d'autres loisirs comme le cinéma ou les sorties au restaurant.
Les grands concepteurs de jeu semblent malgré tout privilégier la sécurité, en présentant à l'E3 des suites de jeux à succès ou en donnant une nouvelle vie à d'anciens titres qui se sont bien vendus.
En plus de ses «lapins crétins», Ubisoft présentera des jeux comme Assassins Creed 2 ou Red Steel 2. Parmi les autres suites attendues avec impatience figurent Mass effect 2, Bioshock 2, God of War 3 ou encore le dernier «Modern warfare» de la série Call of Duty.
«Nous assistons à un basculement vers des publications de meilleure qualité, à moindre risque», a noté Scott Steinberg, du site spécialisé DigitalTrends.com.
«Aujourd'hui, si vous demandez à quelqu'un de débourser 60 dollars pour un titre, même si vous lui promettez 30 heures de jeu, ce dernier a intérêt à être bon», a-t-il ajouté.
Selon les experts, les concepteurs devraient continuer à miser sur les téléchargements de contenu et sur les jeux en ligne, que permettent les consoles Xbox de Microsoft, PlayStation 3 de Sony et la Wii de Nintendo.
«Le jeu en ligne est un concept que tout le monde essaye d'exploiter», souligne Mike Hickey, expert chez Janco Partners.
«Les éditeurs de jeu adorent le jeu en ligne parce qu'il permet de retenir le public plus longtemps, retarde les reventes et maintient les prix; et il y a aussi la possibilité de faire des micro-transactions pour du contenu téléchargeable», dit-il.
Les innovations de Nintendo sont également très attendues. Selon les professionnels, le groupe japonais, qui a réalisé des ventes spectaculaires grâce à sa Wii, pourrait être freiné dans son élan s'il ne sort pas de nouveaux titres captivants pour sa console.
Microsoft et Sony pourraient aussi venir le concurrencer en présentant de nouvelles manettes de jeu sensibles aux mouvements dans l'esprit de la Wii.
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